« Les assureurs n’ont pas toujours les compétences pour se positionner sur de nouvelles classes d’actifs »

Publié le 16 mai 2013 à 8h00    Mis à jour le 22 octobre 2015 à 12h40

Romain Beausoleil


Leresponsable pour la France de la société de gestion Russell Investments estimequ'entre baisse des taux et Solvabilité II, les assureurs seront à l’avenir plus nombreux à déléguer la gestion deleurs actifs.

Quel bilan tirez-vous de la transformation,opérée il y a un an, de votre bureau de représentation parisien en société degestion ?

Lebilan est positif. Ce changement nous a fait gagner en visibilité. Nous avonsen effet été très sollicités l’année dernière lors des appelsd’offres, même si l’activité a été un peu ralentie au quatrième trimestretout comme début 2013 du fait d’une certaine inertie sur le marché. Maiscelle-ci ne durera pas longtemps, car nous constatons qu’il y a une demandeforte des investisseurs institutionnels, dont les assureurs, pour bénéficierd’un service personnalisé en matière de gestion d’actifs. La forte volatilitédes marchés financiers explique en partie ce besoin d’accompagnement. Nous nousattendons donc à un certain nombre de changements de position de la part desassureurs d’ici quelques mois en raison du niveau faible des taux. D’autantplus que Solvabilité II les incite à se positionner sur de nouvelles classesd’actifs en contrepartie d’un capital mobilisé. Or, ils n’ont pas toujours leséquipes ou les compétences idoines pour le faire correctement.

C'est-à-dire ?

Nousconstatons chez certains acteurs du marché un empilement d’OPCVM (organisme deplacement collectif en valeurs mobilières), qui n’est généralement pas propice àun pilotage proactif des portefeuilles, car il est difficile d’avoir une bonneconnaissance des risques sous-jacents. Ces challenges peuvent fermer clairementdes opportunités d’investissements aux assureurs. En tant que gestionnairemultiactif 100% pour compte de tiers, nous sommes aux côtés de nos clients pourleur apporter une gestion dynamique, impartiale de leur portefeuille et celadans un cadre de risque maîtrisé. Outre le gain en matière de diversification,notre gestion déléguée en fonds de mandats (fonds dans lesquels Russell vaconfier des mandats à des gérants parmi les meilleurs au monde) permet dedisposer d’une vision précise, et en temps réel, de toutes les expositions.Cette vision offre donc l’avantage de pouvoir prendre les bonnes décisions aubon moment en nous appuyant aussi bien sur le talent de nos gestionnaires quesur une batterie d’outils nous alimentant en indicateurs et stress tests. C’est un atoutconsidérable pour répondre aux exigences des piliers 2 et 3 de Solvabilité II.

Et en matière de pilotage des unités decompte ?

Nouspouvons aider les assureurs à améliorer l’efficience de leur gestion en unitésde compte. Car il est généralement complexe, du moins sur le planadministratif, de sortir un OPCVM d’un contrat. Remplacer ses UC traditionnelscomme l’ont fait certains de nos partenaires par des fonds de mandats danslesquels se fait la gestion dynamique des gérants permet de mieux contrôler sonrisque de contrepartie, d’améliorer la diversification de son contrat et de maintenirla qualité de ses prestataires pour le client.

N’est-il pas paradoxal de penser qu’enexternalisant sa gestion d’actifs, l’assureur aura un meilleur contrôle et unalignement de son portefeuille par rapport à ses engagements ?

Absolument pas ! C’est tout le contraire ! Forceest de constater que les fonds de pension ont déjà initié le mouvement. Ilssont de plus en plus nombreux à externaliser leur gestion d’actifs. A n’en pasdouter, les assureurs feront de même. J’insiste sur le fait que nous ne sommespas un vendeur d’OPCVM. Notre valeur ajoutée consiste à identifier et assemblerles meilleurs gérants, pour chaque zone et pour chaque classe d’actifs, ycompris sur celles où les assureurs n’ont pas pris l’habitude de sepositionner, comme les nouveaux marchés émergents, les stratégies d’arbitragede taux ou encore le marché de l’infrastructure coté.

Quel est votre objectif à court terme pourRussell Investments France ?

Notre ambitionest d’aligner l’activité française au niveau de ce que réalise RussellInvestments aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. Sans vous donner de date précise,nous souhaitons atteindre le seuil des 6 Md€ d’encours sous gestion, contre 3,3 Md€ actuellement. Nous estimons que cela passe par l’acquisition d’environ unevingtaine de grands comptes. Nous sommes aujourd’hui dans le top 10 des sociétés degestion étrangères intervenant pour le compte de clients français, mais je suisconvaincu que, grâce à notre société de gestion locale, nous pouvons devenir unacteur de référence de la gestion multiactif en France. En capitalisant sur lesexpertises du groupe, qui gère 123 Md€ d’encours, nous avons bon espoir decroître rapidement sur le marché hexagonal où les besoins d’accompagnement sontprégnants, par exemple dans le cadre de lancement de produit d’assurance vie eneuros diversifiés.

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