Le gestionnaire d’actif qui pilote 90 M€,en grande partie pour le compte d’Aviva, revient sur les grandes tendances dece marché et du segment vie.
Quel regard portez-vous sur les évolutionsdu marché de la gestion d’actifs ?
Lemarché s’est un peu perdu ces dernières années. Du fait d’une vive concurrence,il existe actuellement une pression exagérée sur les commissions de gestion. Ace rythme là, il n’y aura plus personne en mesure de faire le métiersérieusement. Il restera uniquement des sociétés adeptes de stop and go, sans aucune politique d’investissement sur le longterme. Ce qui n’est pas une bonne chose ni pour les professionnels du secteur,ni pour nos clients et encore moins pour les épargnants. C’est très simple, sinous souhaitons continuer à apporter de la valeur, il faut s’interdire devendre à perte. C’est une particularité française, car je ne constate pas lesmêmes dérives et ces politiques de dumping sur les marchés anglais etaméricains.
Dans ce contexte, comment se porte AvivaInvestors France ?
Notre stylede gestion demeure inchangé et fondé sur une stratégie d’investissementidentique. A savoir que nous ne cherchons pas la performance à tout prix, maisnous nous efforçons en permanence de générer du revenu additionnel pour nosclients. L’année dernière, le montant de nos encours sous gestion en Frances’est élevé à 90 Md€, soit une progression de plus de 13 % en un an. 94 % denotre activité sont consacrés à la gestion des actifs pour le compte desentités d’Aviva.
Cherchez-vous à développer votre gestionpour compte de tiers ?
Oui !Notre activité pour compte de tiers, créée il y a cinq ans et qui a représenté 6 % de nos encours en 2012, avocation à se développer. Plus précisément, l’objectif reste de dépasser 10 Md€d’encours sous gestion pour compte de tiers à moyen terme. J’insiste sur lefait que notre volonté est de réaliser cette croissance dans des conditions derentabilité acceptables. Nous ne souhaitons pas alimenter la spirale baissièreen termes de commissions de gestion pour nous développer.
La FFSA milite pour promouvoir l’eurodiversifié. Quel est votre avis sur ce produit en tant que gestionnaired’actif ?
Ils’agit d’un bon produit et d’une alternative intéressante au fonds euros. Maisil faut absolument le simplifier pour réussir, d’une part, à le commercialiseret donc susciter l’intérêt et l’adhésion des épargnants, mais aussi, d’autrepart, pour le gérer. Soyons clairs, l’épargnant n’a pas toujours besoin d’une garantie annuelle de son capital. Commevous le savez, l’assurance vie est généralement utilisée à moyen et long terme.Dans le cas de l’Afer, pour qui nous gérons les actifs, la durée moyenne dedétention des contrats oscille entre 14 et 15 ans. Le récent rapport Berger-Lefebvrequi propose la création d’un contrat "Euro croissance" va, mesemble-t-il, dans le bon sens. Espérons que les modalités de mise en œuvreconfirmeront les bonnes intentions.
Mais quels sont les intérêts de l’eurodiversifié ?
Ce qui distingue principalement les contrats en euro diversifiéd’un contrat multisupport classique, c’est que la garantie du capital estdonnée au terme du contrat et les bénéfices traditionnels du fonds en euros(effet cliquet annuel) ne sont pas accordés tous les ans, mais à plus longueéchéance. Elle peut, par exemple, être donnée à 8, 10 ou 15 ans. Ce mécanismeest moins contraignant pour l’assureur qu’une garantie annuelle et offre unecertaine souplesse dans l’allocation des sommes épargnées. De sorte que leproduit est susceptible de dégager de meilleurs rendements sur le long terme,ce qui ouvre des perspectives plus intéressantes pour les épargnants.D’ailleurs, ce type de produit est dans l’air du temps et se développe très bien, notamment auRoyaume-Uni. Car je crois que le fait de donner un horizon d’investissementplus lointain répond parfaitement à un objectif prioritaire des épargnants quine cessera de croître dans les prochaines années et qui est de préparer aumieux leur retraite.
Que pensez-vous du rapport Berger-Lefebvre ?
L'existence même du rapport doit être saluée, car lesépargnants méritent une attention toute particulière en raison de leur rôleactif dans l'économie. Les deux propositions principales, le contrat Eurocroissance et le PEA PME, vont dans le bon sens. Espérons que les modalités demise en œuvre garderont la simplicité et l'orientation de ces bonnes idées.Pour autant, le rapport reste insuffisamment étoffé sur l'épargne retraite et,sans doute par prudence, ne propose pas de transformer le cadre fiscal de l’épargnepour davantage soutenir les investissements à long terme.
A lireégalement dans notre numéro de juin l’analyse détaillée de Jean-FrançoisBoulier sur le rapport Berger-Lefebvre.