interview de la semaine

« Le SNIA défend ses spécificités à travers sa convention collective »

Publié le 11 février 2016 à 8h00    Mis à jour le 15 février 2016 à 17h43

florence duflot

Francky Vincent, président du SNIA. 

florence duflot
chef de rubrique

Elu président du Syndicat national des inspecteurs d'assurances (SNIA) fin 2015, Francky Vincent évoque la politique de développement du groupement et les grands chantiers en cours.

Quel est aujourd’hui le poids de l’inspection au sein du secteur de l’assurance ?

Près de 6 000 personnes travaillent dans l’inspection qui se répartit en six grandes catégories (commerciale, dommages, collectives, patrimoine, santé et autres branches). Elles sont affectées aux différents réseaux techniques de distribution salariés, agents généraux, courtage... Cette profession se féminise progressivement puisque nous atteignons un taux de 20 % de femmes. L’âge moyen est de 47 ans et s’est stabilisé depuis cinq ans. Le recrutement s’effectue encore majoritairement en interne. Mais les compagnies s’entourent aussi de managers qui viennent d’autres horizons et les forment au métier de l’inspection.

Le SNIA a battu son record d’adhésions en 2015. Comment l’expliquez-vous ?

Malgré une conjoncture défavorable, le SNIA continue d’attirer de nouveaux inspecteurs. Nous comptons 1 750 adhérents dont 14 % de femmes. Au premier tour des dernières élections professionnelles d’entreprises, 3 inspecteurs sur 4 ont voté pour le SNIA en moyenne. L’histoire du métier est fortement ancrée et notre convention collective nationale est spécifique. Depuis plusieurs années, le SNIA a lancé des chantiers comme par exemple la création d'un vrai pôle de communication et notre présence sur les réseaux sociaux. Nous avons développé une application pour smartphones et tablettes pensée par et pour les inspecteurs. Avec ce nouvel outil, nos objectifs sont de rendre le syndicalisme accessible, faire connaître notre convention collective (à noter que l’intégralité de la convention collective nationale de l'inspection de l'assurance du 27 juillet 1992 est disponible sur l’application) et attirer à nous un nouveau public.

Vous avez été élu à la tête du SNIA pour trois ans en novembre 2015. Quelles nouveautés avez-vous introduites au sein de votre bureau ?

J’étais déjà présent dans le précédent bureau aux côtés de Sabrina Roche et suis engagé dans le syndicalisme depuis plus de quinze ans. C’est très impliquant mais aussi, oh combien enrichissant ! Etant élu président, j’ai souhaité rajeunir et féminiser le bureau du syndicat. Trois femmes aux compétences complémentaires l’ont rejoint. C’est une façon de montrer en interne ce que nous voulons faire. La composition du bureau est tout à fait représentative de notre profession et en adéquation avec la stratégie des assureurs. Ludovic Mallet en est secrétaire général et reprend les dossiers dans la continuité de ce qui a été entrepris. Sabrina Roche avait préparé au mieux sa succession et ce dans un cadre démocratique.

Quelle est à présent votre feuille de route ?

Nous allons continuer à mieux faire connaître et défendre notre convention collective, qui nous est propre, en poursuivant les rencontres avec les directions de compagnies. Contrairement à d’autres syndicats de salariés, nous sommes opposés à un regroupement des conventions collectives de la profession. Notre convention, qui prévoit en son article 17b la concertation avec les directions, prend en considération notre autonomie et est pragmatique. Elle n’est pas obsolète mais toujours adaptée à l’environnement actuel avec notamment ses bilans reportings et ses entretiens professionnels. Nous allons sensibiliser les plus jeunes inspecteurs aux avantages qu’elle présente. Les directions de sociétés pas plus que les salariés de l’assurance ne nous demandent d’ailleurs d'en changer ! Nous voulons aussi rencontrer les présidents de section (y compris les plus petites) et les présidents des syndicats régionaux des inspecteurs d’assurances (SRIA) pour échanger sur un projet collectif.

Qu’allez-vous entreprendre en direction des jeunes, des femmes, des seniors inspecteurs et des retraités ?

Pour les jeunes inspecteurs, nous avons déjà désigné des délégués nationaux qui vont travailler avec trois membres du bureau exécutif. Nous devons aider les jeunes à s’intégrer et être force de proposition pour renforcer leur sentiment d’appartenance à notre corps de métier. Pour les femmes, un délégué national s’attelle avec le bureau à mieux connaître leur position dans les entreprises, comprendre ce qui les gêne dans leur progression de carrière. Fin 2015, nous avons justement conduit une enquête. A l’égard des inspecteurs seniors - 23 % ont plus de 58 ans -, nous voulons inciter les compagnies à les conserver dans le cadre de leur politique de gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences (GPEC) et à préparer leur départ.

Nous n’oublions pas non plus les retraités qui peuvent jouer un rôle intergénérationnel et distiller leur expérience et leurs conseils. Parmi nos adhérents, nous en comptons 150. Pour les fidéliser, nous leur apportons de nouveaux services grâce notamment à un partenariat noué avec Cap privilège.

La digitalisation est en route. Comment les inspecteurs l’appréhendent-ils ?

La transformation numérique est lancée à toute vitesse comme un TGV sur ses rails. Nous sommes embarqués et nous devons nous adapter. Les compagnies ont besoin des inspecteurs et elles vont devoir investir dans notre formation. Le numérique révolutionne certes notre environnement, représente de gros enjeux, mais nous considérons que c’est aussi une formidable opportunité. Car nous contribuons à apporter un service de qualité au client et à renforcer la relation client. L’aspect humain lié à l’activité de l’inspection garantira un meilleur service client et par voie de conséquence une rentabilité accrue.

Et en matière de rémunération, estimez-vous que les inspecteurs sont bien servis ?

Les inspecteurs sont des cadres de haut niveau dans la hiérarchie et bénéficient de salaires en conséquence. Leur rémunération sur douze mois comporte un fixe et un variable qui peut représenter, selon les cas, de 20 % à 40 % de leur rémunération globale. En classe 5, la rémunération annuelle tourne autour de 68 K€ avec un différentiel de 6 points pour les femmes, en classe 6, elle correspond à environ 80 K€ et en classe 7, elle peut atteindre jusqu’à 123 K€. A cela peuvent s’ajouter des périphériques de salaires, tels que participation et intéressement en plus d’autres avantages en nature, comme le véhicule de fonction. En termes de salaire, ce métier est attractif, juste compensation des responsabilités confiées, mais il exige beaucoup de disponibilité, de l’énergie et génère un stress important.

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