Yasmine Sinni, responsable actuariat des produits vie chez Swiss Life France, fait un état des lieux du PER depuis sa création en 2019. Elle met en avant le succès de ce produit unique de retraite et comment la loi Pacte et celle sur l’industrie verte (respectivement promulguées en 2019 et 2023) y ont contribué. Yasmine Sinni énumère également les perspectives pour la retraite complémentaire chez Swiss Life.
Considérez-vous le lancement du PER comme une réussite ?
Oui, le PER est un véritable succès qui a su rencontrer son public. À fin 2023, le PER représente un encours de 72 Md€ sur le marché (7 Md€ pour Swiss Life avec 239 000 adhésions au global), ce qui démontre son attractivité. Le PER, quel que soit le dispositif retenu pour sa mise en place (individuel ou collectif), apporte plus de simplicité en proposant une seule enveloppe financière permettant de rassembler son épargne au sein de ses trois compartiments – PER individuel, PER collectif et PER obligatoire – pouvant être activés directement ou indirectement selon le dispositif. Il convient aussi à tout profil d’épargnant : chefs d’entreprise, travailleurs non-salariés (TNS), salariés et particuliers.
En quoi la loi Pacte a-t-elle changé la donne ?
Avant la loi Pacte, il existait deux univers distincts des dispositifs d’épargne-retraite : d’une part, l’univers de l'assurance avec le Madelin (pour les TNS), le Perp (pour tout un chacun) et l’article 83 (mis en place par les entreprises au bénéfice des salariés) ; d’autre part, les dispositifs d’épargne salariale comme le Perco (sous la forme exclusive de comptes-titres). Désormais la loi Pacte, au travers des trois PER (individuel, collectif et obligatoire) apporte une lecture claire de la structure du produit de retraite, de sa souplesse et de ses avantages fiscaux.
Quels retours avez-vous sur les modalités de sortie en capital ou en rente ?
La flexibilité de sortie élargit le choix des possibles des épargnants. Avec les anciens Perp par exemple, la sortie en rente prédominait. Aujourd’hui, le PER offre la possibilité d’une sortie en capital ou en rente voire les deux, permettant aux assurés de choisir la bonne répartition au regard de leurs besoins lorsque arrive le moment de la liquidation. Cela leur offre une liberté supplémentaire, au même titre que le mode d’alimentation (en optant pour des versements volontaires déductibles ou non) et donc un cadre fiscal souple à l’entrée et/ou à la sortie.
La loi relative à l’industrie verte prévoit des évolutions, avec quelles conséquences pour les épargnants ?
La loi industrie verte (LIV) pose les bases d’une transformation vers une économie plus durable et résiliente. C’est un prolongement de Pacte dans la mesure où elle vise le financement de l’industrie verte, en mobilisant davantage l’épargne des Français. On peut noter parmi les nouveautés apportées l’obligation de référencer des fonds labellisés, au titre de la transition énergétique et écologique ou de l’investissement socialement responsable. Nous notons, par ailleurs, une nouvelle structure de pilotage épargne et pilotage retraite, intégrant des supports non cotés et une part minimale d’actifs à faible risque (désormais inférieure ou égale à 2).
Ces deux leviers, qui concernent aussi bien la retraite que l’assurance vie, visent à renforcer le rôle de ces contrats dans le financement de l’économie et de la transition énergétique et écologique. Dans ce contexte, nous poursuivons notre démarche d’enrichissement de notre offre en sélectionnant des fonds contribuant à ladite transition, pour répondre aux attentes de nos clients en la matière tout en contribuant aux attentes législatives. À ce jour, plus de 200 fonds labellisés sont référencés au sein de nos offres, nos allocations évoluent aussi dans ce sens – ce qui est en adéquation avec la démarche d’investissement durable de Swiss Life France initiée déjà depuis quelques années.
Quel est l’impact de la digitalisation sur vos offres ?
Notre approche phygitale est un véritable atout. Nous combinons une présence physique, avec des conseillers pour un accompagnement personnalisé, à des processus digitaux qui facilitent le parcours client, que ce soit pour la souscription ou la gestion des opérations. Cette stratégie améliore l’expérience client en simplifiant l’accès à nos offres et services.
Quels modes de gestion proposez-vous pour le PER ?
Nos PER offrent deux modes de gestion principaux : la gestion libre, avec un large univers d’investissement (fonds euros, unités de compte), et la gestion pilotée. Cette dernière est particulièrement adaptée à un horizon retraite, car elle repose sur un principe de désensibilisation progressive. Cela signifie que l’épargne est automatiquement rééquilibrée en fonction de l’âge de l’adhérent et son profil, depuis son adhésion jusqu’à la liquidation, avec une sécurisation croissante. Cette approche permet aux clients de bénéficier de l’expertise de l’assureur pour une gestion active et sécurisée de leur épargne – leur permettant de construire leur indépendance financière pour vivre selon leurs propres choix.
