Le nouveau visage de l'assurbanque

Publié le 3 juillet 2012 à 6h00    Mis à jour le 22 octobre 2015 à 12h42

Séverine Charon


A l'instar d'Axa, les grandes compagnies se lancent dans le prêt direct aux entreprises. Une activité dopée par le contexte réglementaire.

Année après année, les guichets bancaires confirment qu'ils sont des concurrents redoutables pour les assureurs sur la protection des particuliers (lire aussi p. 23). Parallèlement, les compagnies n'ont toujours pas trouvé la bonne formule dans la banque de détail. Pourtant, voilà qu'elles se lancent dans le financement des entreprises, une activité dévolue jusqu'ici aux banquiers.

Ainsi, Axa a annoncé qu'il allait proposer des prêts directs aux entreprises, en partenariat avec la Société générale et le Crédit agricole. Les crédits accordés par Axa, d'une durée de trois à cinq ans, et d'un montant de 30 à 100 M€, concerneraient des PME au chiffre d'affaires supérieur à 250 M€. Le montant global investi dépendra des opportunités, mais pourrait s'établir dans une fourchette de 500 M€ à 1 Md€.

Solvabilité II et Bâle III poussent à innover

Dans ce nouveau schéma, l'assureur devient le principal bailleur de fonds, mais pour autant, la banque fait toujours son métier. En effet, et telle est l'originalité de l'opération, c'est la banque qui étudiera le dossier de l'entreprise et évaluera son risque, mais en ne conservant qu'une partie du crédit. Par exemple, dans l'accord Axa/Société générale, la banque porte 20 % du risque et Axa 80 %. La banque conserve ainsi une partie du crédit, pour garantir à l'assureur qu'il ne financera pas les dossiers les plus hasardeux.

Ce type d'accord ouvre de nouvelles perspectives de placements pour les assureurs, dans un contexte où Solvabilité II rend les actions beaucoup moins attractives, et où la dette souveraine est devenue un placement parfois très risqué. Du côté des banquiers, la réglementation renforce aussi l'intérêt de tels accords, puisque les règles prudentielles de Bâle III en préparation renchérissent l'activité de crédit aux entreprises. En somme, un modèle gagnant-gagnant.

Allianz et covéa dans les starting-blocks

C'est la raison pour laquelle l'initiative d'Axa en France ne devrait pas rester longtemps isolée. L'assureur ne cache pas que cette nouvelle activité, déjà répandue aux Etats-Unis, pourrait être déployée en Europe. Interrogés sur leurs projets, Allianz France et Covéa indiquent qu'ils ont pris langue avec des banquiers sur le même sujet. Enfin, certains assureurs étudieraient aussi le secteur des prêts aux collectivités locales, alors que l'acteur historique de ce secteur, Dexia, est en pleine déconfiture (lire page suivante).

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