« Le marché des collectives gagnerait à une meilleure transparence »

Publié le 3 mai 2012 à 8h00    Mis à jour le 22 octobre 2015 à 12h42

Romain Beausoleil


Alorsque les accords de branche et, plus encore, les clauses de migration, sont trèscritiqués par les intermédiaires, Yanick Philippon nous livre son analyse.

Lesaccords de branche sont très critiqués sur le marché. Peu de compagniesacceptent de livrer leur position, que pouvez-vous nous en dire ?

Sur lefond, les accords de branche ont une philosophie initiale saine. Ils consistentà donner accès à tous les salariés d’une entreprise, petite comme grande, d’unsecteur donné, un même niveau de protection sociale. C’est vrai en prévoyancecollective et, de plus en plus, en santé. Ce principe d’égalité entre lessalariés est un principe difficilement contestable.

Pourtant, les intermédiaires ne voient pasd’un bon œil ces accords…

Vous avez raison. Et je comprends, en tant qu’ancien courtier,leurs doléances. Mais, sauf erreur de ma part, les intermédiaires ne remettentpas en cause le principe même des accords de branche. Ce qui pose problème, cesont les modalités d’application des clauses de désignation et, encore plus, demigration. Très précisément, c’est le caractère obligatoire de ces clauses quiest contesté. Des assurés se trouvent, du jour au lendemain, contraints derejoindre un organisme désigné. Cela signifie qu’un intermédiaire perd sonclient sans aucune possibilité de le retenir. C’est un problème pour bon nombrede cabinets, notamment ceux positionnés sur la cible des TPE/PME.

La solution ne serait-elle pas que lesinstitutions de prévoyance travaillent avec le courtage ?

Historiquement,les IP travaillent peu avec les courtiers. Cette relation n’est pas naturelle.La réalité est que les groupes paritaires ne délèguent pas facilement leurgestion à un intermédiaire. Ce n’est pas un problème de compétence, mais deculture. Néanmoins, les partenaires sociaux et patronaux sont libres de leurchoix. Ils peuvent très bien dissocier la partie conseil et gestion du voletportage de risques. Mais ce type de montage reste à l’heure actuelle marginal.En tant qu’assureur, je forme le vœu que tout ce dispositif puisse s’assouplir.

Comment alors fluidifier le marché ?

Jepense que le marché gagnerait à une meilleure transparence. C’est la raisonpour laquelle je suis favorable à une révision des règles de mise enconcurrence et de désignation d’un organisme. Aussi, je vous rappelle quecertains appels d’offres ne débouchent pas sur une désignation, mais sur unerecommandation. C’est sans doute une voie qu’il faudra davantage explorer àl’avenir. En réalité, le plus important consiste à avoir des dispositifs moinscontraignants tout en respectant le principe de base. C'est-à-dire être enmesure de rendre accessible un niveau de protection sociale de qualité àmoindre coût, notamment dans les plus petites structures.

Quel bilan dressez-vous de l’activité deGenerali sur le marché des collectives en 2011?

Lebilan commercial de l’exercice est positif. Nous continuons à nous développersur un marché que nous considérons comme stratégique. En prévoyance, notrechiffre d’affaires hors acceptations et hors contrats emprunteurs atteint 528,2M€, soit une progression de 2,5%. Dans le domaine de la santé, le chiffre d’affaireshors acceptations est de 483,6M€ en recul de 3,6%. Cette diminution est liée àla transformation au 1er janvier 2011 de la CMU en taxe. Sans cela,nous afficherions une croissance comprise entre 2 et 3%. Compte tenu del’évolution du marché, il y a fort à parier que la croissance de notreportefeuille soit à l’avenir davantage tirée par l’activité en santé. Sur lesdeux segments, notre objectif consiste à améliorer notre rentabilité sur unmarché très concurrentiel où le pilotage technique est, plus que jamais, unlevier de différenciation.

Considérez-vous la dépendance comme unrelais de croissance ?

Personnellement, je ne crois pas, en l’étatactuel, au succès des offres dépendances dans le cadre de couverturesprévoyance collective. Le risque de perte d’autonomie n’est pas aujourd’hui unepriorité pour les entreprises. Et les salariés ne sont pas prêts à voir leurcotisation prévoyance augmenter au détriment de leur salaire.

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