A l’heure du big data, tous les acteurs se prêtent au jeu de l’ouverture et de l’accès aux données. La Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) n’échappe pas à la règle. Courant octobre 2015, elle s’est engagée à publier chaque mois les données relatives à la consommation et aux dépenses de médicaments, là où elle privilégiait une diffusion annuelle.

D’ores et déjà, l’institution a prévu de rendre publiques les données mensuelles 2014 et celles du premier semestre 2015. La CNAMTS s’est engagée pour la suite à publier les données mensuelles au fil de l’eau. Les données proposées pour chaque molécule remboursée sont diverses : indications sur la consommation, nombre de boîtes remboursées et valeur pour chaque régime… Le tout sur la France entière.

Politique nationale

La démarche vise à faciliter l’accès du plus grand nombre aux données de consommation des médicaments, dans le prolongement de l'ouverture des données de santé ces derniers mois. Car faut-il le rappeler, l’Assurance maladie s’est lancée, depuis peu, dans la publication de données dans le cadre de la politique nationale d’open data [utilisation de données publiques ouverte à tous, NDLR]. Dans cette démarche, elle a, par exemple, publié en décembre dernier un jeu de données sur le portail open data du gouvernement, puis mis en ligne, fin mars 2015, la base Open Damir. Il s’agit d’une extraction du Système national inter régimes d'assurance maladie (SNIIRAM) portant sur la totalité des remboursements de l'assurance maladie, tous régimes confondus. Elle vient compléter les données moins détaillées (dépenses hors prestations hospitalières au plan national et dépenses hors prestations hospitalières par caisse/département) déjà disponibles pour les utilisateurs les plus avertis.

Open Damir porte sur la totalité des prestations prises en charge par l'Assurance maladie obligatoire, y compris les prestations hospitalières qui lui sont facturées directement, pour l'ensemble des régimes. L’ouverture de telles données doit préserver l'anonymat des professionnels de santé et des bénéficiaires de soins. à cette fin, les dimensions géographiques sont limitées à neuf zones qui sont des regroupements de régions administratives. Les dépenses sont détaillées en fonction de six axes d'analyse : période, prestation, organisme de prise en charge, bénéficiaire des soins, professionnel de santé exécutant, professionnel de santé prescripteur ; de sept indicateurs de montant (total de la dépense, base de remboursement, montant remboursé, dépassement) et de volume (dénombrement, quantité, coefficient). Au total, chaque ligne de prestation est décrite par 55 variables.

Progressivement, la CNAMTS devrait mettre en ligne d’autres données annuelles enrichies, en l’occurrence Open Medic. Cette base intégrera des éléments supplémentaires sur les bénéficiaires des remboursements (sexe, nombre total, classe d'âge, exonération du ticket modérateur, etc.) et sur les prescripteurs (spécialité, région,...).

Pour soutenir cette stratégie d’ouverture, l’Assurance maladie a décidé de lancer un portail dédié open data. Il sera accessible à partir du site de l'assurance maladie ameli.fr et agrègera les données d'Open Damir. Cette plate-forme sera progressivement enrichie, au rythme de l’ouverture de nouvelles données au public.Si beaucoup reste à faire pour que les complémentaires santé rendent accessibles leurs données, l’Assurance maladie vient de poser les jalons solides d’une telle démarche. L’accès à cette mine d’informations devrait permettre d’utiliser de nouveaux outils, notamment en matière d’analyse épidémiologique.