Le président de Cegedim assurances, l’undes principaux acteurs de la gestion pour compte, fait le point sur lesconséquences de la généralisation de la complémentaire santé ainsi que du tierspayant, et expose ses ambitions dans le domaine de la prévoyance.
Quel est le positionnement de Cegedim assurances ?
Fondéeen 1969, Cegedim est une entreprise mondiale de technologies et de services spécialiséedans le domaine de la santé. L’entité dédiée aux professionnels de l’assuranceemploie plus de 700 personnes et réalise un chiffre d’affaires de l’ordre de112 M€. Nos deux grands métiers sont, d’une part, une activité d’édition delogiciels que nous déployons sous les marques Cegedim Activ et Midiway, etd’autre part, une activité de services métiers avec la délégation de tiers payantdans le cadre du Cetip, sous les marques SP santé et iSanté, et la délégationde gestion de contrats santé et prévoyance avec iGestion. Nous enregistronsdepuis plusieurs années une croissance régulière, oscillant entre 1 et 5 %. Notreprojet est de faire beaucoup mieux en tirant profit des évolutions à venir dumarché de la complémentaire santé.
C'est-à-dire ?
Je veuxdire par là que la gestion déléguée en santé et prévoyance est un marché qui vacroître et se transformer. Actuellement, 85 % des actes de gestion sont encoregérés en interne par les sociétés d’assurance, mutuelles et autres institutionsde prévoyance. Mais il y a tout lieu de penser que pour des raisons à la foisstratégiques et financières, les assureurs au sens large feront à l’avenirdavantage appel à des solutions d’externalisation auprès de plates-formesspécialisées comme celle de Cegedim assurances.
Pour quelles raisons précisément ?
Carseules la mutualisation et l’industrialisation des process permettent deréduire de manière substantielle les coûts de gestion. Les assureurs, prisindividuellement, n’ont pas, pour la majorité d’entre eux, la possibilité dejouer sur les volumes. Compte tenu de la taille de notre structure, nous sommesbien armés pour leur proposer des offres d’externalisation compétitive. Je vousrappelle qu’en cumulant toutes nos activités d’externalisation métier, en tierspayant et gestion déléguée, nous gérons près de 20 millions de personnes pourle compte de 200 clients. Ce qui représente, rien que dans le domaine de lasanté, plus de 350 millions de flux par an en provenance de 191 000 praticiens que nous avons conventionnés. En prévoyance, près de 2 millions depersonnes protégées sont gérées avec nos solutions. Et j’ajouterais qu’endehors des économies d’échelle, nous sommes en mesure de proposer auxorganismes d’assurance une panoplie très large de services :dématérialisation intégrale des process, extranets dédiés, gestion en marqueblanche, systèmes experts de détection des comportements atypiques…
Quelles seront, selon vous, lesconséquences de la généralisation de la complémentaire santé à tous lessalariés dans le domaine de la gestion pour compte ?
Soyonsclairs, par les transformations qu’il génère, l’ANI constitue un formidableappel d’air pour la gestion déléguée. Un certain nombre d’acteurs procèdentactuellement à des repositionnements stratégiques sur le marché descollectives. Or, nous observons que la plupart d’entre eux souhaitent avant tout maîtriser le volet offre et distribution. Maisils n’ont pas forcément le savoir-faire et les compétences idoines en matièrede gestion des prestations. Raison pour laquelle, ils se tournent vers desspécialistes comme Cegedim assurances. Ce mouvement n’est pas exclusif auxnouveaux entrants sur le segment des collectives. Des opérateurs installés delongue date, notamment les groupes paritaires, font le choix de confier – partiellement – leur gestion à un prestataire pour se concentrer intégralement sur ledéveloppement commercial.
Anticipez-vous également une croissance devotre activité dans le domaine de la prévoyance ?
Commevous le savez, le marché de la prévoyance est loin d’être saturé, contrairementà la santé où la quasi-totalité des Français seront assurés "post-ANI". Cela signifie que la prévoyance constitue un relais decroissance important pour nos clients, qui veulent développer leur surface decontact avec leurs assurés, comme pour nous. Nous partons donc à l’offensivesur la prévoyance. Nous misons beaucoup sur cette activité, appelée, elleaussi, à fortement évoluer dans le cadre de l’ANI, puisque cet accord va généraliser,à terme, la logique de multidétention.
Votre développement passera-t-il uniquementpar la France ?
Non,nous travaillons à développer nos activités internationales, qui pèsentaujourd’hui moins de 5 % de notre chiffre d’affaires. Notre projet est decapitaliser sur notre expérience au Maroc, où nous sommes présents depuis 2005,et de nous développer dans de nouveaux pays matures où nous pourrons intégrersans difficulté nos solutions informatiques. Nos cibles prioritaires sontl’Amérique du Nord, et quelques pays en Europe du Sud et de l’Est. Mais quellesque soient les zones retenues, nous n’irons pas seul. Nous avons sur ce projet,comme sur les autres dossiers, une démarche très pragmatique. Nous nousappuierons sur des clients que nous accompagnerons, ou sur des partenaires qui localementpourront jouer un rôle d’intégrateur. Nous remplirons de notre côté notre rôled’éditeur. Autrement dit, nous sommes ouverts à un modèle d’affaires un peudifférent de celui développé en France. Notre objectif est de doubler notreactivité internationale d’ici 2016.
Que pensez-vous de la généralisation dutiers payant, et quel sera son impact sur votre activité ?
Jetiens à souligner que la généralisation du tiers payant est une bonne nouvelle,car elle facilitera l’accès aux soins, à commencer pour les bénéficiaires del’ACS (aide à la complémentaire santé) à compter du 1er janvier2015. Le système d’éclatement des flux régime obligatoire/régime complémentaire,déjà mis en œuvre dans les pharmacies, a largement démontré toute sonefficacité. Par ailleurs, nous enregistrons également de bons résultats sur letiers payant hospitalier, notamment à travers notre marque iSanté. Nousassurons ainsi une couverture quasi intégrale des établissements hospitalierspublics. En réalité, l’enjeu d’élargir le tiers payant à la médecinegénéraliste et spécialiste, où le système est aujourd’hui peu pratiqué, estplus politique que technique, et nécessite de valoriser les avantages pour lesmédecins eux-mêmes. Mais il est clair que la robustesse de notre systèmepermettra d’absorber sans aucune difficulté une augmentation des flux dans lecadre de la généralisation du tiers payant médecins, programmée en 2017.