Raphaël Rimelin, directeur général d'Hannover Re France

« L'alliance assureur-réassureur a démontré sa robustesse »

Publié le 16 février 2023 à 9h00

Juliette Lerond-Dupuy    Temps de lecture 5 minutes

Raphaël Rimelin, à la tête de la succursale française d'Hannover Re, troisième réassureur mondial, expose ses liens avec les start-up et partage son point de vue sur la pertinence du modèle partenarial assureur-réassureur face à l’intensification des risques.

Comment s’est déroulée l’exercice 2022 pour Hannover Re en France ?

Hannover Re est le 3e réassureur mondial et le bureau de Paris que je dirige est une succursale d’Hannover Rück SE en Allemagne. Nous servons la France, l’Afrique du Nord, la zone Cima, la Belgique, le Luxembourg, le Moyen-Orient, la Jordanie, la Palestine et le Liban. L’exercice 2022 s’est terminé par une croissance sensible. En norme IFRS, le chiffre d’affaires de la succursale devrait être supérieur à 900 M€. Après deux exercices marqués par les conséquences de la Covid-19, 2022 devrait se solder par un résultat proche de 70 M€ avant impôts.

Le groupe a évidemment été touché par la saison des ouragans aux États-Unis (276 M€ de pertes causées par l’ouragan Ian) mais dans une moindre mesure que nos concurrents. Les événements climatiques s'accumulent et s’intensifient. La charge Cat a été supérieure à ce que nous avions anticipé. Le groupe a également provisionné les conséquences du conflit en Ukraine. Cependant, il maintient sa prévision de résultat autour de 1,4 Md€, soutenue par une bonne performance sur les marchés financiers et de bons résultats en vie.

Quelle est la stratégie d’Hannover Re vis-à-vis des partenariats avec les FinTech ?

Tout d’abord, nous n’investissons pas en capital dans les start-up, ce n’est pas notre vocation. Ensuite, nous ne voyons pas de difficulté à travailler avec des acteurs qui démarrent d’une page blanche pour définir avec eux de nouveaux produits, de nouvelles garanties et les accompagner sur les aspects de développement. Ils ont un savoir-faire dans la distribution, par exemple dans la génération de leads et l’expérience digitale, et nous avons des équipes d’actuaires capables de les accompagner techniquement. Enfin, nous réassurons le risque, nous nous rémunérons ainsi. C’est le cas de notre partenariat avec Acheel par exemple, où nous ne sommes pas présents au capital mais nous participons au design et à la tarification de leurs produits tout en répondant à leur cahier des charges.

Certains néo-assureurs comme Alan, Seyna, Acheel et Mila possèdent aujourd’hui les agréments de l’ACPR et sont donc des assureurs de plein droit. Nous voyons cette nouvelle dynamique comme une opportunité plus que comme une menace. Cela signifie de nouveaux produits sur le marché et donc de nouveaux besoins de réassurance. Dans ce cas, nous pouvons les réassurer directement avec des quote-part importantes. Pour les InsurTech qui agissent en tant que courtiers distributeurs, notre connaissance du marché nous permet de les aider dans la recherche d’un partenaire assureur.

Pourquoi ce marché vous intéresse-t-il ?

Tout d’abord, ce segment du marché fait pleinement partie de la stratégie d’Hannover Re. A cette fin, le groupe a créé des Digital Business Accelerator vie et non-vie dont l’objectif est de faire bénéficier chacune de nos implantations de l’expérience acquise au travers de nos multiples initiatives d’innovation technologique. Ensuite, les périodes de confinement successives n’ont fait qu’accélérer le phénomène, mettant en exergue l’importance des canaux de distribution digitaux et la nécessité de proposer une expérience client sans rupture. Dans ce domaine, les AssurTech ont pu démontrer leur savoir-faire.

Que pensez-vous des mouvements de rapprochement assureurs-réassureurs ?

Nous sommes nous-mêmes le résultat d'un tel partenariat : Talanx AG, la société mère de Hannover Re, en détient 50,2%. Le principal actionnaire majoritaire de Talanx est HDI V.a.G., une société d'assurance mutuelle. Et il existe bien d’autres exemples de ce type d’alliance entre un assureur et un réassureur. Je pense que c’est un modèle qui a démontré sa robustesse. Si cela n’apporte pas immédiatement de synergie entre les différents métiers, cela confère une plus grande diversification en matière de risques, de marchés et de zones géographiques. De plus, la réassurance est soumise à des cycles, sa performance est supérieure à l’assurance directe mais elle est sujette à de plus grandes fluctuations. La réassurance par nature est exposée à des risques de plus grande intensité. À l’inverse, l’assurance offre une plus grande stabilité des résultats. Cette complémentarité renforce la résistance de l’ensemble face à l’intensification des risques ou l’apparition de nouveaux risques tel que le cyber.

Et sur les partenariats public-privé ?

Si on en parle c’est qu'on s’aperçoit que la capacité du privé a ses limites et que certains risques sont difficilement assurables. Les assureurs ne vont plus sur certains risques pour des questions de rentabilité ou parce que les volumes des engagements sont trop importants. Le partenariat public-privé est alors la seule solution réaliste pour combler les gaps de couverture et est indispensable pour certains risques. C’est ce qu’on a vu par le passé avec la création du Gareat en 2001, ou ces derniers mois avec les discussions sur l’assurance agricole ou la création d’une couverture pandémie.

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