Aujourd'hui, seul un expatrié français sur dix a une protection sociale complète. Face à ce constat, Humanis, qui vise historiquement les expatriés desgrands comptes, s’ouvre progressivement à d’autres cibles, plusparticulièrement les retraités et les TNS.
Quel regard portez-vous sur la mobilité internationale ?
Nousavons observé des évolutions importantes depuis 2010. La mobilitéinternationale est le reflet des activités économiques des grands groupesfrançais. Aujourd’hui, 1,6 million de ressortissants sont inscrits au registredes Français établis hors de France. Mais, en réalité, ils sont près de 2,5 millionsà vivre à l’étranger : TCN*, salariés actifs, entrepreneurs individuels,étudiants, fonctionnaires et retraités. Un quart des salariés expatriés est employépar les entreprises du Cac 40, 25 % par les PME/PMI et les 50 % restants,notamment les jeunes, sont embauchés sous contrat local.
Constatez-vous une hausse de la mobilitéinternationale auprès des jeunes ?
Lasituation économique dans notre pays étant compliquée, beaucoup de jeunes tententleur chance en partant à l’étranger. Ils y sont déjà préparés ; les cursusuniversitaires et les grandes écoles (ingénieurs et management) prévoyant desstages hors de France. En outre, de grands groupes mettent en place desprogrammes pour favoriser l’expatriation des jeunes diplômés. Les candidats auVIE (volontariat international en entreprise) sont aussi plus nombreux.Globalement, les Français, qui traditionnellement s’expatriaient moins que lesAnglais ou les Italiens, commencent à rattraper leur retard. La durée moyenned’expatriation est de trois ans, mais elle a tendance à s’allonger.
Comment se positionne Humanis sur le marchéde la mobilité internationale ?
Notreparticularité est d’accompagner les expatriés dans la globalité de leurprotection sociale hors de France. Nous sommes le seul organisme à proposer unecouverture complète en santé, prévoyance et retraite. Nos solutions sontadaptées au statut de l’expatrié et à ses conditions de travail. Historiquement,nous nous adressions aux salariés des grands comptes, mais nous avons élarginos cibles aux salariés des ETI, PME/PMI, aux TNS et aux particuliers, étudiants,retraités.
Comment se décompose votreportefeuille ?
Humaniscouvre près de 15 000 expatriés et ayants droit en santé/prévoyance et 22 000 ressortissants expatriés cotisent à nos deux institutions de retraitecomplémentaire : CRE et Ircafex. Nos adhérents particuliers sont enmajorité installés à Singapour, en Chine et au Maroc ; ceux couverts àtitre collectifs se situent plutôt aux Etats-Unis, à Hong Kong et aux Emirats arabesunis. Mais une proportion non négligeable est répartie dans trois payseuropéens : le Royaume-Uni, l’Espagne et la Belgique.
Comment expliquez-vous que nombre d’expatriésse trouvent en situation de précarité au regard de leur protectionsociale ?
L’étudeque nous avons conduite, en mars dernier, avec CSA et le petitjournal.comauprès de 900 expatriés pour connaître leur comportement en matière deprotection sociale est, il est vrai, surprenante. Il en ressort que 19 % desexpatriés n’étaient pas couverts en santé, un chiffre qui grimpe à61 % en prévoyance individuelle. Et le constat est pire encore en matière deretraite, à 73 %. Le comportement des expatriés dépend, selon nous, beaucoup de leursituation familiale. Le plus souvent, les jeunes et les personnes seules n’ontpas conscience du risque prévoyance (décès, arrêt de travail), qui est pourtantun risque lourd. L’expatrié qui part avec sa famille est plus précautionneux.Pour combler ce déficit de couverture, nous lançons cette année une campagneproactive sur internet.
Les taux d’équipement sont-ils supérieurs auprèsdes salariés d’entreprises ?
Absolument.Il est proche de 100 % quand les salariés sont envoyés à l’étranger par leurentreprise. L’employeur prend en charge quasiment 75 % du coût de leurprotection sociale. Mais la retraite demeure encore un peu le parent pauvre.Humanis a d’ailleurs créé, en 2012, une direction des activités internationalesqui comporte aujourd’hui trois pôles : gestion retraite complémentaire Cre-Ircafex,gestion des frais médicaux, et direction du développement international que jedirige.
Concrètement, quelles solutions proposez-vous ?
Nousavons conçu le pack "Expat CFE" issu de notre expertise et del’expérience de la Caisse des Français de l’étranger (CFE). Il se décline en quatreformules dédiées aux salariés – en version individuelle et en version collectiveentreprise –, aux retraités et aux étudiants. Ce pack présente plusieursavantages, entre autres un véritable tout-en-un de la protection socialefrançaise à l’étranger, un suivi personnalisé avec un interlocuteur unique, lagestion du contrat simplifiée avec l’accès à des services en ligne et unremboursement rapide, global et unique en santé et prévoyance dans la devisechoisie. Ce pack est par ailleurs modulable : cinq niveaux de garantiessont offerts en fonction de l’âge du salarié, de son statut… Par ailleurs,l’assuré peut consulter ses remboursements en ligne, télécharger une attestation,recevoir des alertes sanitaires… Nous avons revu la convention d’assistanceavec notre partenaire Axa assistance et inclus des prestations de soutien psychologiqueen réponse à un post-traumatisme avant le départ, pendant le séjour ou auretour en métropole.
Compte tenu de l’évolution de la mobilitéinternationale, envisagez-vous de lancer de nouveaux services et garantiesd’ici 2015 ?
Nousvoulons améliorer nos services via l’extranet et dématérialiser plus largementles frais médicaux avec la CFE. Nous sortirons des applications accessiblesdepuis des tablettes et des smartphones. Nos plans marketing sur 2015 ne sontpas encore finalisés. Le nombre de jeunes qui ont un visa vacances-travail s’accroissant, nous travaillons à l’élaboration d’un produit spécifiquequi leur soit destiné. A l’égard des entreprises, notre priorité est de leurproposer plus de services haut de gamme et de refondre notre extranet.
* LesTCN (Third Country National) désignent les personnes expatriées endehors de leur pays d'origine et en dehors du pays dont relève leur employeurou leur organisme de protection sociale.