André Renaudin, directeur général d’AG2R La Mondiale
Labellisationdes offres dépendance, généralisation des accords de branche, alourdissement ducahier des charges des contrats responsables… autant de sujets d’actualité sur lesquelsAndré Renaudin, DG d’AG2R La Mondiale, nous livre son analyse.
Que pensez-vous de la publication des fraisde gestion en santé ?
Cette demandene lasse pas de surprendre. A cela deux raisons. D’une part, on comprend mal aunom de quoi, s’agissant de la publication des frais de gestion et decommercialisation, la profession de l’assurance devrait faire l’objet d’untraitement particulier. D’autre part, et surtout, cela revient à exiger, enquelque sorte, que les entreprises d’assurance communiquent sur leurs"prix de revient", alors même qu’elles opèrent sur un marchéconcurrentiel. Ce qui se vérifie en droit et en fait. Lerisque n’est-il pas, en alourdissant encore le cahier des charges des contratsresponsables de leur faire perdre progressivement leur objet d’origine ? Notons que l’éventuel choix, pour cetteraison, de ne plus s’inscrire dans ce cahier des charges ferait tomber l’obligationde publication des frais de gestion. Pour autant, AG2R La Mondial veilleranaturellement à se conformer aux dispositions législatives et réglementairesédictées en la matière.
Quelle est votre stratégie concernant lesaccords de branche en santé et prévoyance collective ?
Le potentieldes accords de branche est fort. Nous estimons à une centaine le nombred’accords à venir en santé, principalement de la part de branches déjà équipéesen prévoyance. Nous seront évidemment sur les rangs et feront prévaloir notreexpertise dans le domaine. Je rappelle qu’AG2R La Mondiale couvre près d’unesoixantaine de branches. En 2011, nous avons, par exemple, été retenus danstrois nouveaux accords de branche : en prévoyance pour les salariés d’opticiens – enco-désignation avec Uniprévoyance –, et en santépour la meunerie et l’aide à domicile (avec Macif). Notre stratégie estd’accompagner les partenaires sociaux dans leurs réflexions pour améliorer laprotection sociale des salariés, ce qui contribue à l’attractivité des métiersdes différentes branches et à la fidélisation des salariés. Et alors que lesinactifs, les retraités et les demandeurs d’emploi ne sont pas couverts par lesaccords, nous voulons leur apporter une réponse en adéquation avec leurs besoins.Le marché individuel constitue un de nos axes de développement.
Comprenez-vous les critiques desintermédiaires vis-à-vis des institutions de prévoyance en matière de clausesde désignation et de migration ?
Le rappel dequelques caractéristiques fondamentales des conventions d’assurance mises enplace dans le cadre d’un accord de branche permet d’éclairer le débat. Toutd’abord, c’est toujours la recherche de l’intérêt général qui conditionne lamise en place d’un tel dispositif et en constitue sa contrepartie. Ensuite, laconclusion de ces accords s’inscrit toujours dans un cadre réglementaire.Enfin, il convient de ne jamais perdre de vue que l’aménagement et la portéedes clauses de désignation relèvent d’abord et avant tout de la négociation entrepartenaires sociaux au sein d’une branche. Cela a été le cas, par exemple, dela boulangerie, eu égard au fort degré de solidarité du régime de ses salariés(droits non liés à des cotisations, actions de prévention santé, etc.) qui enfait un véritable régime de sécurité sociale professionnelle supplémentaire.Sans clause de migration, il serait impossible de réunir les élémentsnécessaires à la solidarité et à la mutualisation de toute une profession. Celadit, il reste un vaste champ pour la protection sociale, car tous les accordsde branche ne se concluent pas par des désignations, et encore moins par desclauses de migration.
En tant qu’acteur historique de ladépendance, comment avez-vous accueilli l’annonce de l’abandon de la réforme ?
A notreconnaissance, il s’agit plus d’un report que d’un abandon du financement de ladépendance, dans un contexte économique tendu. La protection sociale desFrançais ne peut pas être décorrélée de la situation socio-économique du pays.Quoi qu’il en soit, nous avons décidé d’avancer sans attendre sur ce dossier.Nous avons lancé, fin 2010, un nouveau contrat dépendance complet qui couvreles besoins liés au financement de la perte d’autonomie. Le groupe s’est aussipréoccupé des aidants familiaux et leur propose, depuis cette année, un contratd’assurance unique sur le marché et un site internet (aidonslesnotres.fr).
Quelle est votre position sur le sujet de lalabellisation des contrats dépendance ?
Lalabellisation de produits dépendance serait une initiative de place quipermettrait aux assurés de souscrire des contrats de qualité. Elle consiste àfaire respecter un certain nombre de règles applicables aux différents contratsdépendance (définition claire et lisible de l’état de dépendance lourde, formalitésmédicales simplifiées, clauses de revalorisation de garantie…). Ces contratslabellisés deviendraient par là-même comparables. Les entreprises d’assurancepourraient ainsi adapter leurs produits ou en créer un nouveau pour entrer dansle cadre du label. Cela montrerait la prise de conscience et l’implication dela profession dans le domaine de la dépendance qui prend en compte des enjeuxsociétaux de premier plan :vieillissement de la population, prise en charge des aînés, maintien àdomicile, sans oublier les impacts psychosociaux pour les aidants.
Quel regard portez-vous sur la situationactuelle du marché de l’assurance vie ?
Le marchéenregistre, depuis six mois, des retraits supérieurs aux versements, ce qui esttout à fait inédit depuis la création de statistiques mensuelles sur le sujet.D’une part, le montant du flux de placements financiers semble se réduire, etce, malgré la hausse du taux d’épargne, du fait de la diminution des crédits.D’autre part, comme en 2008 avec la faillite de Lehman Brothers et la chute desmarchés financiers, les épargnants ont tendance à se réfugier vers les produitsd’épargne liquide. Cette hésitation à immobiliser leur épargne dans desproduits de plus long terme comme l’assurance vie est amplifiée par l’instabilitéet l’augmentation des prélèvements en matière de taxation sociale et fiscaledes produits d’épargne. Certains produits comme les livrets A ou les livretsdéveloppement durable échappent aujourd’hui à cette taxation et bénéficient ducontexte actuel. Je continue à penser que l’assurance vie conservera tout sonattrait aux yeux des Français… dès lors que son cadre réglementaire et fiscalrestera stable.
Comment s’est comporté votre segmentvie/épargne retraite en 2011 ?
Avant la publication de nos résultats 2011,je ne peux vous donner que des grandes tendances. Sur le segment épargne, noscotisations sont supérieures au marché grâce, notamment, au dynamisme de notrefiliale luxembourgeoise. Ce résultat demeure satisfaisant et s’inscrit dans unmouvement durable : surquatre ans – en intégrant les deux crises –, le taux de croissance du groupeest de 10 points supérieur à celui du marché français. En janvier 2012, nous avons continué sur la même lancéeet avons même enregistré une progression de notre chiffre d’affaires. Pour lescotisations d’assurance vie retraite, tout laisse à penser que nos résultatssont meilleurs que la tendance du marché l’indique. Il se peut que, tout commeen 2010, AG2R La Mondiale soit leader de la retraite supplémentaire collective.