Marsh s'est associé au Pôle risques pour promouvoir le risk management dansles collectivités territoriales. Entretien croisé entre Thomas Graiff (Marsh)et Guillaume Riou (Pôle risques) à propos du label Gestion des risquesterritoriaux (GRT).
Pourquoi Marsh France s’est-il associé auPôle Risques sur le sujet de la gestion des risques des collectivités locales ?
Thomas Graiff : Le Pôle risques, à la fois pôle decompétitivité et pôle régional pour l'innovation et le développement économique solidaire, ambitionne de devenir un acteur majeur de la gestion des risques enEurope. Il était naturel pour Marsh France de s’associer à ses travaux. Enoutre, sur le volet spécifique de la gestion des risques des collectivitésterritoriales, Marsh est depuis toujours partenaire de Primo Europe (PublicRisk Management Organisation), associé de très près aux travaux du Pôle risquespour la montée en puissance de la gestion des risques au sens large dans lescollectivités et la promotion du nouveau label Gestion des risques territoriaux(GRT). Enfin, la tempête Xynthia en 2010 et ses terribles conséquences humaineset financières pour quelques communes du littoral Atlantique ont constitué undéclencheur et favorisé une prise de conscience quant à l’enjeu d’une bonnemaîtrise des risques publics. Le département secteur public de Marsh entendbien contribuer à cette sensibilisation des collectivités au risk management.
De quoi s’agit-il exactement ?
Guillaume Riou : Le Pôle risques réunit à la fois descentres de recherche publics et des entreprises privées. A l’attentionspécifique des collectivités locales, nous proposons une procédure delabellisation de la démarche de gestion des risques de la collectivité. Ce label, suite à audits multiples, est délivré aux communes ayant mis enplace, testé et validé un bon, voire un très bon système de gestion desrisques. Il faut une vraie volonté de la collectivité, au plus haut niveau,c'est-à-dire celui de la direction générale des services (DGS) ou celui dumaire pour s’engager dans cette procédure qui est payante. Ce label GRT àétoiles (de 1 à 5) est décerné pour une durée de trois ans, mais chaque année, des audits derenouvellement sont organisés. Ilconsiste aussi à mieux connaître et faire connaître la qualité de management durisque au sein des collectivités locales et s’adresse en priorité aux communeset à leurs responsables (maire, DGS, risk manager…) ayant une réelle démarchede gestion des risques. Il a vocation à terme à s’appliquer à d’autresterritoires comme les établissements publics à caractère industriel (EPCI).
Quel a été votre calendrier pour élaborerce label ?
Thomas Graiff : Marshest associé au Pôle risques depuis l’origine en 2005. Les travaux relatifs aulabel GRT, auxquels l'IPGR (Institut de prévention et de gestion des risques urbains), Marsh et Primo France sont étroitement associés, sesont d’abord axés sur le contenu du référentiel des audits de risques. En 2009, nous avons abouti à un référentiel très complet, riche de plus de 500 questions. Etc’est ce référentiel qui sert de socle à la procédure de labellisation et deguide d’audit que mènent les DGS ou les élus locaux qui engagent leurcollectivité dans cette démarche. Lelabel est opérationnel depuis début 2013.
Combien de collectivités sont aujourd’huilabellisées et ont-elles des profils de risques comparables ?
Guillaume Riou : Sur lapremière année de disponibilité, seules trois communes ont obtenu lelabel. Derrière, les échéancesélectorales du printemps 2014 ont un peu gelé les nouvelles démarches delabellisation. Mais depuis les élections municipales, nous redoublons d’effortpour sensibiliser les nouveaux élus. Avec un certain succès puisque de grossesmunicipalités se sont d'ores et déjà engagées pour essayer d’obtenir le label.
Quels résultats opérationnels etassurantiels sont attendus par les collectivités labellisées qui s’engagentdans cette démarche ?
Thomas Graiff : Lesrésultats attendus sont très concrets pour les collectivités locales qui selancent dans la procédure de labellisation. L’objet de ce travail est notammentde permettre aux collectivités labellisées d’être plus facilement et plusefficacement assurées. En effet, les informations obtenues grâce à lalabellisation permettront aux collectivités locales de présenter aux assureursdes cahiers des charges attractifs, afin d’obtenir de ceux-ci des conditionsoptimales pour assurer leurs risques.
Guillaume Riou : Auxcôtés des arguments de négociation que confère la labellisation, notamment avec les services d’Etat, lesassureurs, les Régions ou les Conseils généraux… L’obtention du label, c’estaussi la reconnaissance du travail effectué tant en interne qu’en externe. Eninterne, c’est l’occasion d’associer collectivement les équipes à une démarcheinnovante. La labellisation c’est aussi l’appartenance à un réseaud’échanges. Enfin, faire savoirl’excellence de sa gestion de risques, c’est aussi accroître l’attractivité deson territoire pour inciter, par exemple, les entreprises à s’implanter dans lacommune.
La réforme territoriale en cours est-ellesusceptible de faire évoluer le label GRT ?
Thomas Graiff : Sansdoute, mais seulement à la marge. Car le phénomène de concentration des risquesau sein des intercommunalités notamment est à l’œuvre depuis de nombreusesannées. La réforme territoriale est susceptible de créer des régionsplus grandes ; et cette logique de concentration et de rapprochement descollectivités locales dans des ensembles plus vastes existe de longue date.C’est plutôt favorable à la montée en puissance d’une véritable démarche demanagement des risques au sein de ces ensembles régionaux de très grandetaille.