Les gestionnaires étrangers se différencient sur un marché mature, tant par la recherche d'innovation de produits que par leurs stratégies d'investissement.
En dépit de la crise et du nombre impressionnant de sociétés de gestion, le marché français attire toujours des entités filiales de maisons étrangères. D'après les statistiques de l'AFG (Association française de la gestion financière), environ 16 % des sociétés de gestion implantées en France ont une maison mère d'origine étrangère, pour un poids équivalent d'encours gérés sur le territoire. Cet attrait pour le marché français n'est pas récent, puisque certaines filiales y sont présentes depuis plusieurs décennies.
Pour déployer leurs offres dans l'Hexagone, elles doivent souvent se différencier et apporter des solutions innovantes. Aujourd'hui, toutes les tailles de sociétés et toutes les configurations existent, entre celles qui n'ont pas d'implantation en France et vendent leurs fonds en libre prestation de services, celles qui sont implantées en tant que sociétés de gestion, et celles qui n'ont qu'un bureau de représentation. Dans cette dernière catégorie, certaines ferment leur société de gestion et restent sur le territoire via un bureau de représentation, à l'image de JP Morgan AM. Alors que d'autres renforcent leur présence en transformant leur bureau en société de gestion.
Russell investments, le petit nouveau
C'est le cas de Russell Investments France, qui fonctionne, depuis 1994, à travers un bureau de représentation parisien de la branche européenne de la maison mère américaine, et qui a obtenu en mars dernier son agrément pour exercer son activité en tant que société de gestion, tout en conservant sa spécificité de gérant multiactif. «Nous avons créé une société de gestion car, opérant sur le marché des investisseurs institutionnels, nous ne vendons pas de produits, mais offrons des solutions globales à forte valeur ajoutée de fonds dédiés répondant à leurs objectifs. Et nous avons observé que ces investisseurs avaient de plus en plus besoin de proximité dans la gestion d'actifs», explique Michaël Sfez, directeur général de Russell Investments France, qui annonce 3 Md€ d'encours.
Il précise d'ailleurs être beaucoup plus sollicité dans les appels d'offres depuis la transformation du bureau en société de gestion. Deux gérants nouvellement recrutés s'appuient sur l'expertise des 60 analystes du groupe et des équipes de spécialistes, pour l'allocation d'actifs et la construction des portefeuilles, en ligne avec les objectifs des clients.
State street global advisors, le géant historique
De son côté, l'Américain State Street Global Advisors, présent depuis 20 ans en France en tant que société de gestion, est un des premiers gérants étrangers installés sur le territoire, et propose de la gestion indicielle, de la gestion actions active et des solutions adaptées aux assureurs. «Avec un effectif de 70 personnes dont 15 gérants et des encours proches de 40 Md€, la France est l'un des plus importants des dix centres de gestion du groupe, souligne Marco Fuso, son président directeur général pour la France. Notre très forte présence locale nous permet d'offrir à nos clients investisseurs institutionnels l'expérience, la proximité et la solidité d'un groupe important qui gère près de 2 000 Md$ dans le monde. Malgré les conditions actuelles de crise, la France est un marché très intéressant et un pays clé sur lequel nous voulons continuer à être présents. Notre envergure mondiale nous permet d'utiliser au mieux chaque expertise locale du groupe et la France fait partie de notre logique commerciale et industrielle.»
Muzinich & co, le spécialiste du "high yield"
Quant à Muzinich & Co, spécialiste des obligations à haut rendement, elle s'est implantée en 2009 à Paris avec une structure légère : un bureau de développement et de services avec quatre personnes, en tant que succursale de la filiale londonienne de la maison mère sise à New York, les deux villes où sont basés les centres de gestion. «Le high yield représente 80 % de notre marché, et notre bureau parisien, qui évolue sur l'Europe francophone, a développé 3 Md$ d'actifs, dont 1,3 Md$ en France (20 Md$ au niveau mondial). Parmi nos clients, nous avons quatre compagnies d'assurance dont nous gérons les provisions mathématiques. Aujourd'hui, en France, nous distribuons nos produits sous forme de fonds, mais notre objectif est d'équilibrer à 50/50, les fonds et les mandats», signale Eric Pictet, directeur général de Muzinich & Co.
Cette différence dans les implantations témoigne de la diversité des stratégies en France des filiales de sociétés étrangères. Et, avec les contraintes réglementaires, les mouvements ne sont sans doute pas terminés...