Avec 35% de croissance de ses encours en 2010, la finance ISR (investissement socialement responsable) peut faire pâlir d'envie les gestionnaires de fonds "classiques". Selon le cabinet Novethic, l'épargne ISR affiche une progression vingt fois supérieure à celle du marché (1,7%).
Une dynamique forte donc, mais à relativiser. Evalué à 68,3 Md€, le montant global reste faible et ne représente pas plus de 4% des OPCVM du marché français. En outre, en gestion collective, la croissance est surtout tirée par la "conversion" à l'ISR de grands fonds existants - comme le fonds actions Tricolore (groupe Edmond de Rothschild) et le monétaire Fonsicav (Natixis). La collecte, elle, s'effondre du côté des fonds monétaires (- 2,35 Md€) et des fonds actions (- 400 M€), mais se comporte bien sur les fonds obligataires et diversifiés (+750 M€). Une tendance proche de celle observée sur l'ensemble des produits financiers, ISR ou non. En revanche, en gestion dédiée, l'encours progresse, bon an mal an, de 5 à 6 Md€, pour un bas de laine désormais conséquent de 26,3 Md€.
Les assureurs derrière
Descendus au troisième rang des investisseurs institutionnels ISR, les assureurs détiennent 23% des encours, derrière les institutions de retraite et prévoyance (28%) et les fonds de retraite public (26%). Chez ces grands intervenants et dans les sociétés de gestion spécialisées, la culture ISR exerce une influence croissante sur les arbitrages.
Catherine Husson-Traore, directrice de Novethic, estime que l'apport de l'ISR à l'analyse financière devient majeur, en particulier sur l'évaluation des risques. Certes, convertir les fonds importants prend du temps, mais selon Novethic, l'ISR pourrait bien, dans quelques années, détenir une part de marché à deux chiffres sur l'ensemble des OPCVM.