Pierre Guillocheau, directeur des assurances collectives de Crédit agricole assurances
rédacteur en chef
Bilan de l’offensive de Crédit agricole assurances en matière de collectives un an et demi après le démarrage de l’activité avec son directeur, Pierre Guillocheau, qui affiche ses fortes ambitions.
Crédit agricole assurances propose aux entreprises des assurances collectives depuis peu, quel bilan dressez-vous de cette nouvelle activité ?
En matière de santé, prévoyance et retraite, nous proposons de longue date une offre aux particuliers et aux professionnels. Depuis fin 2014, Crédit agricole s'est lancé sur l'ensemble du marché des assurances collectives avec des offres adaptées aux différentes tailles d'entreprises.
Nous voulons ainsi créer le modèle de bancassurance des entreprises. Nous sommes légitimes à le faire car un tiers des entreprises françaises sont « bancarisées » au Crédit agricole ou chez LCL. Surtout, nous sommes un des rares acteurs de la place à proposer une offre complète qui va de la santé, à la prévoyance ou la retraite en passant par l’épargne salariale.
Après dix-huit mois d’activité, nous couvrons 200 000 personnes en santé et en prévoyance et cela concerne des PME comme de très grands comptes. C’est un bon démarrage et nous sommes confortés par l’accueil favorable des entreprises « bancarisées » au Crédit agricole à l'égard de nos offres d’assurances collectives.
Concernant la complémentaire santé, comment qualifiez-vous l’exercice en cours ?
2016 a débuté avec la mise en œuvre de l'ANI et on s’est vite rendu compte qu’il s’agissait d’un marché de dernière minute, voire d’équipement décalé dans le temps. On note ainsi un flux de souscription non négligeable depuis le début d'année. Plusieurs éléments expliquent cet état de fait. D’une part, pour le marché à équiper, c'est-à-dire le plus souvent des TPE, la généralisation a été perçue comme une contrainte qui bien qu’obligatoire ne fait pas peser de risque en cas d'absence de mise en œuvre.
Par ailleurs, de nombreux accords de branche ont été négociés tardivement fin 2015 voire sont en cours de finalisation en 2016. Nous estimons, et c'est une surprise, que près de 60% des salariés seront concernés par ces accords en 2016. Ceci a clairement conduit à un attentisme des chefs d'entreprise concernés.
Plus globalement, l'ANI n'aura pas l'effet de rupture tant annoncé. En effet, les TPE ont mis en place ce dispositif par l'intermédiaire de DUE (décisions unilatérales de l'employeur) qui ont conduit de nombreux salariés à ne pas choisir le nouveau contrat mis en place. Aussi, derrière les annonces faites en termes de contrats souscrits, il convient d'être attentif au nombre de salariés réellement couverts. De notre observation, il ressort qu'environ 50 % des salariés concernés se sont affiliés.
Si on ajoute à ces différents éléments la réforme des contrats responsables et la fin des clauses de désignation de certaines branches, 2016 apparaît comme un exercice « complexe » pour de nombreuses entreprises. Dans cette « surcharge » de réformes, Crédit agricole met en avant son rôle de banquier conseil de façon à sécuriser et simplifier la vie des DRH et des chefs d'entreprise.
Il semble que les assurés soient eux aussi désorientés par toutes ces réformes ?
Il n'y a en effet pas que les employeurs qui sont déstabilisés. Les salariés eux-mêmes sont confrontés à de profonds bouleversements. Ainsi, la mise en œuvre des contrats responsables conduit à faire baisser certaines garanties emblématiques comme l'optique. C'est une première en France ! Ce message n'est pas facile à faire passer. Par ailleurs, l'exercice de comparaison d'un contrat ANI avec une ancienne couverture individuelle n'est pas simple. Et l'arrivée des surcomplémentaires est quelque chose de nouveau pour les salariés. Résultat, en début d’année, les assurés se posaient beaucoup de questions ! C'est une forme de nouvelle architecture qui se met en place, aussi nous mettons fortement en avant le conseil tant auprès des DRH que des salariés. Ceci est cohérent avec nos valeurs de banque mutualiste de proximité.
Quelle est votre stratégie en matière de surcomplémentaires ?
Nous ne proposons pas de surcomplémentaires « dans l'absolu ». Ces garanties « collent » toujours au socle collectif, que ce soit pour les offres standard, branche ou sur-mesure.
C'est ce qu'attendent les chefs d'entreprise et les salariés. Elles sont proposées et souscrites à l'occasion des processus d'affiliation. Ainsi, nous obtenons des taux d'adhésion aux surcomplémentaires très satisfaisants puisqu’ils oscillent entre 30 et 40 % selon les cas.
Quels axes de développement privilégiez-vous actuellement ?
Nous souhaitons nous positionner en tant que bancassureur des entreprises. Pour cela, nous nous appuyons sur une offre complète d'ingénierie sociale intégrant la santé, la prévoyance, la retraite et l'épargne salariale.
Dans le domaine de la retraite, les synergies entre Amundi et Crédit agricole assurances vont être renforcées afin de dynamiser notre positionnement.
En santé, nous comptons valoriser les opportunités offertes par la réforme des contrats responsables et la fin des clauses de désignation. Sur ce dernier point, il s'agit d'être très présent sur certaines branches dont les entreprises sont très proches du Crédit agricole (CHR, Syntec, promotion immobilière...).
L'ensemble des réseaux bancaires sont mobilisés, ceux des 39 caisses régionales comme celui de LCL. Crédit agricole assurances a l'ambition de devenir le premier assureur en France, les assurances collectives ont vocation à en être un des vecteurs.