Interview

« Il faut que nous touchions les femmes sur des sujets qui les préoccupent »

Publié le 8 mars 2016 à 9h00    Mis à jour le 8 mars 2016 à 17h24

Thierry Gouby

Gaëlle Olivier, directrice générale d'Axa entreprises

Thierry Gouby
journaliste

A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Gaëlle Olivier, depuis peu directrice générale d’Axa entreprises et membre du comex d’Axa France, expose la stratégie du groupe pour fidéliser ses assurées et accompagner ses collaboratrices.

En tant qu’assureur, faut-il vous adresser spécifiquement aux femmes ?

Les femmes représentent la moitié de la population, il s’agit donc pour nous de la moitié de nos clients. C’est pour cela que nous leur proposons des offres segmentées, non pas dans la conception même des produits, mais dans l’approche que nous en faisons. Il faut que nous puissions les toucher sur des sujets qui les préoccupent. C’est le cas par exemple en santé pour des garanties liées au cancer parce que les femmes sont souvent exposées plus tôt à ce risque que les hommes.

Par ailleurs, les femmes sont devenues financièrement autonomes de manière assez récente – en France, ce n’est qu’en 1965 qu’une femme peut avoir un compte chèque à son nom – et elles doivent s’équiper pour la protection de la famille ou leur retraite. La préoccupation de la retraite est accentuée pour les femmes puisqu’en plus de vivre en moyenne plus longtemps que les hommes, elles ont la plupart du temps un revenu moindre. Dans une époque où le taux de divorce a beaucoup augmenté et où les femmes se retrouvent du jour au lendemain sans solution satisfaisante, l’accompagnement par des solutions d’assurance est d’autant plus important.

Cela veut-il dire que l’assurance a souvent été orientée uniquement vers les hommes ?

Auparavant, les assureurs parlaient davantage aux hommes, considérant que ces derniers couvraient une surface financière plus grande, notamment au sein du ménage. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et il est urgent de s’adresser aux femmes. L’idée n’est pas de leur proposer des produits « roses » ou clichés mais de s’adresser à elles avec une approche adaptée.

Désormais, au même titre que les hommes et souvent de façon plus prononcée, les femmes se préoccupent de leurs enfants, de leurs parents et de leur conjoint. Elles doivent gérer les nombreux sujets de leur vie quotidienne tout en menant leurs carrières. Il faut pouvoir leur parler en intégrant toutes ces composantes. C’est aussi ce qu’a montré l’étude « She for Shield » que nous avons menée en 2015 avec l’IFC et Accenture, qui a souligné le rôle clé que les femmes peuvent jouer dans le développement des sociétés si elles sont aussi bien protégées que les hommes.

Cette approche à l’égard des femmes est-elle également valable au sein d'Axa ?

Pour aller plus loin qu’une simple aide aux femmes, nous avons décidé d’intégrer les notions de diversité et d’inclusion au niveau du groupe Axa, avec des initiatives soutenues par notre top management. Ainsi, nous offrons grâce à des opérations de sponsoring ou via notre réseau interne « Mix'iN », qui promeut depuis 2012 la mixité au sein d’Axa France, la possibilité d’échanger et de soulever les problématiques liées à la mixité pour devenir une entreprise plus inclusive.

Notre engagement passe notamment par l’ouverture des postes opérationnels aux femmes, avec des parcours de carrières qui incluent la distribution, la finance ou le marketing, sans qu’elles soient cloisonnées à des postes spécifiques. Il est possible de faire monter les femmes à des fonctions de direction en décloisonnant l’entreprise.

Nous allouons également un budget annuel pour réduire les disparités salariales entre hommes et femmes depuis 2006. Ce sont près de 7,5 M€ qui ont déjà été débloqués et nous atteignons aujourd’hui moins de 2 % d’écart entre les revenus de nos collaborateurs. Enfin, le nouveau comité exécutif d’Axa France, désormais composé de 4 femmes et 4 hommes, témoigne de cette évolution.

Quels sont encore les sujets d’amélioration ?

Il nous faut désormais améliorer plusieurs autres sujets de préoccupation pour les femmes. D’abord, celui de la retraite, à cause notamment du décalage de longévité et de pension qui persiste entre hommes et femmes. Ces dernières perçoivent en moyenne 700 €/mois contre 1500 €/ mois pour les hommes.

Ensuite, il faut que nous les aidions à entreprendre davantage. Il n’y a que 30 % de femmes entrepreneurs en France, et c’est pourquoi nous sommes partenaires du réseau « Entreprendre » pour les aider à franchir le pas. Le troisième point concerne la dimension auto-entrepreneuriale de celles qui ne veulent pas rester inactives. La micro-assurance est selon nous une bonne solution pour s’assumer, devenir autonome, et entrer dans la vie active.

Enfin, au travers de l'opération « Les Rencontre pour Elles », nous partageons avec les assurées leurs sujets de préoccupation et leurs besoins. Nous avons près de 125 réunions programmées avec pas moins de 1 700 clientes pour cibler au mieux leurs attentes.

Aujourd’hui, il n’y a aucune raison valable qui expliquerait encore les écarts entre hommes et femmes dans l’entreprise : les niveaux d’éducation, les compétences sont au rendez-vous. Il faut accepter d’aller au-delà des a priori et ouvrir les possibilités : les femmes sauront s’en saisir et montrer toute leur valeur !

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