« Groupe Pasteur mutualité n’est pas la seule victime des agissements d’Assor »

Publié le 25 avril 2013 à 8h00    Mis à jour le 22 octobre 2015 à 12h40

Romain Beausoleil


L’assureur dédié aux professionnels de la santérevient sur le conflit avec Assor et détaille ses grands chantiers ensanté et en épargne.

Vous occupez le poste de DG depuis décembre dernier. Quelles sont vospriorités ?

Nous avons fixé, en fin d’année dernière, un planstratégique à trois ans qui consiste à devenir l’assureur privilégié desprofessionnels libéraux intervenant dans le domaine de la santé. Aujourd’hui,nous couvrons 25 % des médecins exerçant à titre libéral. Et nous assurons 10 %des professionnels "non médecins". L’objectif est d’atteindre lemême taux de pénétration que sur les médecins.

Avez-vous évalué les conséquences de lagénéralisation de la complémentaire santé sur votre portefeuille ?

A priori, nous nesommes pas concernés puisque l’accord ne concerne pas les salariéshospitaliers. Et dans la mesure où nous souhaitons couvrir cette population,nous réfléchissons à pénétrer au mieux ce marché du risque santé des cliniquesprivés qui représente, selon nos estimations, environ 400 M€ de cotisation.Nous recherchons actuellement un partenaire qui nous permettrait d’équiper cemarché. Mais si nous ne trouvons pas de solution satisfaisante, nous pourrions très bien décider d’y aller seul.

Et en épargne ? Où en êtes-vous et quels sont vosprojets ?

Nous avons servi un taux de rendement de 3,60 % en 2012 contre3,20 % en 2011. Le chiffre d’affaires de l’activité vie épargne est de 25 M€(sur un total de 175 M€). Et le montant de nos encours s’élève à 1,3 Md€, pour10 000 polices. Et particularité de notre portefeuille, la majeure partiede l’épargne est orientée sur le fonds euros.

N’est-ce pas contradictoire compte tenu de votre cible plutôtCSP+ ?

C’est la raison pour laquelle Groupe Pasteur mutualité a décidé deproposer à ses adhérents une offre de gestion patrimoniale en élargissant lessupports d’investissements. Nous proposerons, par exemple, un fonds à dominanteimmobilière. Au-delà de l’offre qui reste à construire, nous avons prévu derecruter des technico-commerciaux capables de conseillers nossociétaires dans le cadre d’une gestion de patrimoine globale. Après une phasede test, le réseau devrait être opérationnel début 2014. A la même période,nous internaliserons la gestion de notre portefeuille vie, confiée aujourd’huià un prestataire extérieur.

Quel bilan tirez-vous de votre activité Iard après deux ansd’exercice ?

Notre société,Panacea assurances, a connu une dynamique commerciale au-delà de nosespérances. Le partenariat passé avec la MNH sur la RC pro a contribué au bondémarrage de l’activité. Le chiffre d’affaires est de 11 M€ pour environ17 000 adhérents en portefeuille. Nous disposons de fonds propressuffisants pour lisser les difficultés que nous avions anticipées au lancementde l’activité. L’expérience de certains sinistres complexes nous a égalementbeaucoup appris.

Votre portefeuille est-il rentable ?

Les résultats sont aujourd’hui déficitaires du fait, enparticulier, de charges de fonctionnement élevées. La charge des sinistres estégalement non négligeable. Mais l’enjeu est de continuer à croître pouratteindre rapidement l’équilibre. Nous pensons qu’il sera atteint en dégageantau moins 30 M€ de chiffre d’affaires.

Pouvez-vous revenir sur votre conflit avec Assor, révélé par nos confrères de News assurances pro ?

L’une de nos filiales a noué un partenariat avec ce courtiergrossiste en santé. Un risque que nous connaissons parfaitement et quenous maîtrisons. En revanche, Groupe Pasteur mutualité n’avait pas pourhabitude de travailler avec le courtage en gros qui repose sur une dynamiquesingulière. Nous avons été alertés l’année dernière par des adhérents sur lamauvaise qualité de gestion délivrée par Assor. Plus précisément, desprestations n’étaient pas payées, sans aucune explication. Cette situation aété très difficile à vivre pour les adhérents et par les équipes du groupe, carelle va à l’encontre de nos engagements mutualistes. Nous avons donc décidé derésilier le contrat avec Assor au 31 décembre 2012 pour défaut de gestion.

Que s’est-il passé depuis ?

Notre objectif premier a été de protéger les assurés. Nous avonsmis en place, conformément à la loi Evin, la portabilité des garanties, surenviron 300 polices, en informant les adhérents qu’ils seraient remboursésintégralement de leurs dépenses de soins. Avec Owliance, société avec laquellenous avons dû nouer un partenariat suite aux difficultés rencontrées, nous noussommes mis en situation pour gérer cette situation d’urgence dès les premiersjours de 2013. Et cela en dépit d’une absence totale de lisibilité sur lesremboursements déjà effectués, ou non, par Assor en 2012. Nous avonsaujourd’hui refermé la parenthèse Assor. D’ici quelques semaines, nous auronsrépondu à tous les adhérents qui se sont manifestés auprès de nos équipes. Lasituation sera donc assainie.

Envisagez-vous une action judiciaire contre Assor ?

La priorité n’est pas de se poser ce type de question, maisd’indemniser les sinistres qui doivent encore l’être. Nous aurons le temps deréfléchir par la suite aux éventuelles actions à mener. Je constate parailleurs que Groupe Pasteur mutualité n’est pas la seule victime desagissements d’Assor. Il faudra en tirer toutes les conclusions afin que cette situationne se reproduise pas.

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