En matière de solvabilité ajustée des risques, 2013 a été une bonne année pour les assureurs français en moyenne. En effet, nous estimons, sur la base de nos critères, que les niveaux d'excédents de fonds propres ont atteint leur plus haut niveau en cinq ans.
directrice associée, secteur assurance de S&P
Toutefois, les difficiles conditions actuelles des marchés financiers, notamment le niveau des taux d'intérêt, rendent très peu probable le maintien de tels niveaux d'excédents en 2014 et 2015.
L'adéquation élevée des fonds propres à fin 2013 a été atteinte après deux années (2012 et 2013) de résultats en forte croissance et de marchés actions en hausse. Les assureurs ont pu retenir plus de résultats tout en reconstituant des provisions pour participation aux excédents (PPE). Par ailleurs, les conditions favorables des marchés financiers ont permis de refaire des stocks de plus-values latentes. Ces conditions ont également abouti à la hausse des valeurs des profits futurs en assurance vie.
Solvabilité « modérément solide »
Toutefois, le retour à la croissance en 2013 pour les assureurs vie et, plus généralement, la croissance des bilans ainsi que la hausse des valeurs de marchés des actifs, ont abouti à une hausse des exigences de fonds propres. En conséquence, la solvabilité ajustée des risques s'est trouvée en moyenne à un niveau que nous qualifions de « modérément solide » en 2013 (quatrième niveau le plus élevé sur une échelle de huit niveaux, le plus bas étant « faible » et le plus élevé étant « extrêmement solide »). En d'autres termes, cette solvabilité qui se situe en moyenne en haut de la catégorie « BBB » sur la base du modèle de solvabilité ajustée des risques de Standard & Poor's.
Depuis le début de l'année 2014, les taux d'intérêt à long terme dans la zone euro ont chuté de plus de 100 points de base. Ceci nous amène à pondérer notre opinion sur l'amélioration de la solvabilité notée plus haut. En effet, une telle chute, si elle se prolonge, aura un impact négatif sur les profits futurs et alourdira le coût des options et garanties inhérentes aux contrats d'assurance vie. De plus, dans ce contexte de taux bas, des stratégies d'investissement à la recherche de rendements plus élevés pourraient aussi aboutir à davantage de prise de risque de crédit et donc une hausse des exigences de fonds propres relatives à ce risque. Enfin, la sensibilité des fonds propres aux variations des marchés financiers reste une source d'inquiétude. Selon nos critères, les fonds propres ajustés des risques restent, pour une large part,constitués d'éléments sensibles aux conditions de marché tels que des plus-values latentes et des valeurs des profits futurs.