Journaliste
Après le septième relèvement de note consécutif du réassureur et la publication de résultats intermédiaires en ligne avec les objectifs, Denis Kessler, PDG de Scor, fait un point sur l’activité du groupe et l’actualité du secteur.
A moins d’un an du terme de votre plan stratégique triennal « Optimal Dynamics », êtes-vous en phase avec ses ambitions ?
En septembre 2013, nous avions défini deux objectifs quantitatifs : une rentabilité de 1 000 points de base au-dessus du taux sans risque et une solvabilité optimale de l’ordre de deux fois le capital de solvabilité requis (SCR). A ce jour, ces deux objectifs sont atteints. Nous avons enregistré une croissance des primes de 8 % par an en moyenne à taux de change constants depuis le lancement du plan. Au 30 septembre 2015, nos primes brutes émises se chiffraient à près de 10 Md€ (soit une croissance de 19,3 %), et nous estimons que le chiffre d’affaires devrait atteindre 13,4 Md€ en 2015. Par ailleurs, au cours des neuf premiers mois de 2015, le groupe a enregistré de très bons résultats techniques aussi bien en réassurance de dommages qu’en réassurance vie. Le groupe est actuellement mobilisé pour préparer le nouveau plan stratégique qui sera rendu public en septembre 2016, et qui couvrira la période mi-2016 à mi-2019.
La note de Scor a été relevée à AA- parS&Pen septembre dernier. Cela vous permet-il d’avoir accès à un nombre élargi de clients ?
Nous n’avons pas accès à un nombre de clients plus important mais éventuellement à une part plus importante des cessions des clients, ces derniers choisissant comme principaux partenaires des réassureurs bénéficiant d’une notation de ce niveau. En étant AA-, nous négocions sur un pied d’égalité avec les cédantes qui, dans un contexte « post-crise », sélectionnent un panel restreint de partenaires réassureurs globaux disposant d’un niveau élevé de solvabilité. La vérification approfondie des risques de contrepartie – dont ceux des réassureurs – a été considérablement renforcée depuis la crise financière.
Selon vous, Solvabilité II a-t-elle changé la perception de la réassurance chez les cédantes ? La réglementation bouleverse-t-elle le rôle du réassureur ?
L’entrée en vigueur prochaine de Solvabilité II a poussé les cédantes à une meilleure gestion de leur capital, ce qui explique la place grandissante du capital management et de la politique de réassurance au sein des directions financières. La réassurance étant un élément d’une gestion optimisée du capital, Solvabilité II soutient a priori la demande. Il ne s’agit pas d’une révolution mais d’un mouvement long qui a profondément fait bouger les lignes et le recours à la réassurance au cours des dix dernières années. Dans ce cadre, Scor se positionne de plus en plus en cogestionnaire du capital et des risques de ses clients. Toutefois, si Solvabilité II est un régime prudentiel allant dans le bon sens, certains paramètres restent à revoir.
Nous sommes en pleine campagne de renouvellements. Quelles sont les attitudes des cédantes ? La pression tarifaire à la baisse se poursuit-elle ?
Les marchés étant fragmentés, il convient d’analyser les renouvellements par ligne de business et zone géographique. En amont des Rendez-vous de Septembre de Monte-Carlo, le marché parlait d’écroulement des prix… Après Baden-Baden, le ton a changé. In fine, les marchés sont plus résilients qu’on veut le faire croire. Il n’est pas impossible que nous soyons arrivés à la fin d’un cycle baissier et que les prix aient touché un point bas. Attendons de voir les renouvellements au 1er janvier prochain qui confirmeront ou infirmeront cette hypothèse.
(Retrouvez l’intégralité de l’entretien avec Denis Kessler dans le n°208 de La Tribune de l’assurance).