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Dropped : interrogations et très lourds dommages à régler

Publié le 24 août 2015 à 8h00    Mis à jour le 18 décembre 2015 à 16h28

Vincent Bussière

Vincent Bussière
Journaliste

Dix morts dont huit français, c'est le lourd bilan de la collision en plein ciel des deux hélicoptères de l'émission "Dropped" qui transportaient trois champions tricolores : le boxeur Alexis Vastine, la nageuse Camille Muffat et la navigatrice Florence Arthaud, ainsi que cinq journalistes et deux pilotes argentins. Une tragédie qui a frappé les esprits et pour laquelle les dommages sont très délicats à régler pour les compagnies d’assurance impliquées, comme pour le courtier Ovatio ou le syndicat du Lloyd’s, Liberty Mutual, assureur d’Adventure Line Productions (ALP), la société chargée de produire le programme de téléréalité qui devait être diffusé par TF1.

Il faut d’abord prendre en compte le contexte international de cette catastrophe. Comme souvent en montagne, le piémont argentin est soumis à des bouffées de courants ascendants ou descendants, plaquant au sol ou élevant sans prévenir des aéronefs. Les équipes d’experts de la Gendarmerie des transports aériens (GTA) dépêchés sur place ont dû composer avec le droit local. Leur tâche s’est déroulée de manière relativement aisée puisque ce pays dispose d’experts et d’infrastructures locales plutôt bien notées. Cela explique aussi pourquoi ASO, l’organisateur du Dakar, y a délocalisé son épreuve phare. « Les hôpitaux et la chaîne médicale sont sans commune mesure avec ce que nous trouvions en Afrique. Quant aux pilotes, civils ou militaires, ils figurent parmi les meilleurs du monde pour leur expérience des interventions montagneuses dans des conditions particulièrement difficiles », précise un dirigeant de l’entreprise française.

Déterminer les causes de l'accident

Reste à déterminer les causes de cet accident : s’agit-il d’une défaillance mécanique ou d’une erreur humaine ? Les appareils, récents et réputés très fiables, semblaient bien entretenus. Les pilotes, de formation militaire, avaient connu l’épreuve du feu aux Malouines et étaient rompus au vol en formation serrée, un exercice extrêmement délicat lorsqu’il s’agit de voilures tournantes. Dès son retour d’Argentine, quelques jours après cette tragédie, Julien Magne, le directeur des programmes d’ALP, confirmait leur professionnalisme. « Je les ai vus mimer le plan de vol avant le décollage, le répéter très précisément (…) Cette collision entre les deux hélicoptères est incompréhensible » confiait-il alors sur BFM TV. Au cours de cet entretien, il répétait également avoir constaté un respect des procédures d’écarts entre les deux machines au moment du décollage et de distance entre eux pendant leur vol. Certains mettent en cause les instructions reçues par les pilotes. Car il s’agissait de capturer des plans serrés des visages des participants à l’intérieur de leur hélicoptère. Une thèse que semble retenir la mère de la nageuse Camille Muffat qui, le 16 juillet, révélait (après avoir été exclue du visionnage des rushes) que le copilote de l’un des appareils avait été remplacé par un caméraman. D’autres mettent en cause le recours de la production à des sous-traitants locaux, susceptibles de diluer la chaîne de responsabilité.

Plusieurs dizaines de millions d’euros en jeu

Selon un spécialiste de ce type de risques, les sommes en jeu seraient de plusieurs dizaines de millions d’euros. « Il s’agit d’un cas typique d’assurance annulation. L’aléa ou le dommage entraîne de facto l’annulation de la diffusion de ce programme par la chaîne de télévision qui l’a commandé. Comme la société de production, elle peut obtenir le remboursement de l’intégralité des sommes dépensées », indique-t-il à La Tribune de l’assurance. Des sommes qui comprennent d’abord l’acheminement des participants et des équipes depuis la France jusqu’en différentes régions de l’Argentine, leur prise en charge sur place (équipements, nourriture, etc.) et, bien sûr, les contrats de location de matériels volants et de tournage. Sans oublier, surtout, les pertes d’exploitations subies par TF1. Or, "Dropped" était programmé en prime time et sur plusieurs semaines. Là où les recettes publicitaires demeurent maximales.

Dans ces conditions, l’enquête en cours est suivie de très près par les parties prenantes à cette tragédie. Fort heureusement, ses conclusions n’affecteront pas les ayants droit des victimes : les indemnisations prévues par les polices d’assurance vie souscrites devaient en effet leur être versées rapidement.

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