Récemment élue à la présidence del’Amrae (Association pour le management des risques et des assurances del’entreprise), Brigitte Bouquot nous livre sa vision du métier de risk manager etson ambition pour la profession.
Vous êtes devenue en2010 directrice des assuranceset de la gestion des risques pour Thales. Quels atouts faut-il avoir pourréussir dans cette fonction ?
Avec une vision transversale, le risk manager identifie, traite et réduitles risques, en aidant la direction à prendre la décision la plus précise et laplus claire possible. Dans le secteur del’assurance, il faut savoir simplifier et expliquer avec les bons arguments.Être un bon risk manager, c’est aussi être capable de formuler sans tabou à sadirection des choses qu’elle n’a pas forcément envie d’entendre. Cela impliqued’avoir la bonne communication pour créer un climat de confiance, faire prendreconscience des risques tout en conservant l’envie d’entreprendre.
Selon vous, le riskmanager devrait-il être membre du comex ?
Si aux Etats-Unis, la gestion des risques repose sur un chief riskofficer qui fait partie du comex, en France, il n’y a pas de modèlepréétabli. La direction peut préférer travailler avec une équipetransversale plutôt que se reposer surun homme-orchestre. Je pense qu’il est illusoire de penser qu’une seulepersonne peut tout contrôler. La démarche de gestion des risques del’entreprise doit être collective. Le risk manager doit savoir aller chercherles expertises où elles se trouvent, auprès du DAF, du responsable qualité oudu DSI, puis y apporter de la valeur ajoutée, en toute indépendance. Lescompétences métier et l’expérience professionnelle nécessaires pour cettefonction deviennent de plus en plus élevées. Il serait logique que le risk managerdevienne à l’avenir plus systématiquement membre du comité de direction, sanspour autant déresponsabiliser les membres sur la thématique du risque.
Quelle a été votremotivation pour prendre la tête de l’Amrae ? Qu’allez-vous y insuffler ?
Le métier de risk manager est en construction, et il est intéressantd’avoir des oasis comme l’Amrae pour se retrouver, construire des repèrescommuns, bénéficier de benchmarks pour en discuter ensuite avec sa direction.Il est important que les grandes entreprises s’impliquent. A mon arrivée dansma nouvelle fonction, j’ai été bien accueillie et j’estime naturel dem’impliquer afin de rendre ce que j’ai reçu. Mon ambition est de donner aumétier de risk manager les lettres de noblesse qu’il mérite. N’oublions pas quela France a été capable de faire grandir des fleurons de l’industrie, ce quisignifie que les entreprises ont su gérer leurs risques, soutenues dans lefinancement par les assureurs. Nous devons valoriser ce bilan positif afin derépondre aux défis de demain : une société interconnectée, un mondeglobalisé, et une compétition accrue pour avoir accès à des ressources de plusen plus rares.
Vous êtes la premièrefemme présidente de l’association. Que cela représente-t-il pour vous ?Avez-vous dû faire face à des discriminations au cours de votre carrière ?
Mon parcours, comme celui d’autres femmes, prouve que nous sommes tout aussicapables de prendre des risques. Certes, j’ai rencontré au cours de ma carrièrecertaines formes de discrimination en termes de salaires ou de promotion, maisje pense que les choses bougent doucement. Aujourd’hui, il me semble que lesentreprises sont plus attentives au fait qu’une femme peut détenir les mêmescompétences qu’un homme, tout en apportant un autre regard, une richesse et dela diversité. Cependant, c’est bien son expérience, sa personnalité, sa volontéde relever des challenges qui lui permettent d’accéder à des hautes fonctions.