directrice du secteur assurances de S&P
Notre étude du secteur de la réassurance mondiale montre que ce marché continue à afficher une vraie solidité financière : avec une note moyenne de "A", il se comporte bien face aux autres secteurs privés. Grâce à une forte solvabilité et des résultats très solides, le profil de risque financier est l'une des forces principales du secteur. A titre d'illustration, nous estimons que les 24 plus gros réassureurs retiennent un excédent de fonds propres, par rapport aux niveaux cibles correspondant à leurs notes respectives, de 34 Md€. Le ratio combiné moyen a également connu une forte amélioration en 2012, passant de 105 % à 88 %, un niveau très en dessous de ce que l'on peut observer pour les assureurs. Des pratiques solides en matière de gestion intégrée des risques continuent également de différencier les réassureurs internationaux. Le profil opérationnel, diversifié, est également solide. Ces avantages ont, selon nous, contribué à préserver la solidité financière du secteur, malgré une année 2012 assez marquée en catastrophes naturelles.
En revanche, le secteur ne nous semble pas libéré de tout défi. Nous notons notamment l'abondance de capacités sur le marché et le durcissement des conditions concurrentielles, des conditions économiques et financières incertaines, et des changements réglementaires. La capacité des réassureurs à maintenir leurs résultats demeure, selon nous, l'un des principaux enjeux du secteur. L'uniformisation d'une partie de l'offre et les bons résultats du marché ont inévitablement attiré de nouveaux entrants dont les objectifs de rentabilité ne sont pas forcément aussi élevés que ceux des réassureurs traditionnels. L'environnement macroéconomique dégradé affaiblit également les perspectives de croissance, même si les pays émergents offrent encore de nouveaux relais. Pourtant, et en dépit du contexte concurrentiel, la faiblesse des taux d'intérêts contraint selon nous les réassureurs à renforcer les résultats techniques afin de compenser la baisse des rendements financiers. Ainsi, nous estimons qu'une réduction de 3 points du ratio combiné est nécessaire pour compenser une baisse de 1 % des taux.
Globalement, les facteurs macroéconomiques demeurent une contrainte forte pour les réassureurs, du fait de leur influence potentielle sur leur profil opérationnel et financier. Ainsi, une inflation importante et prolongée pourrait aboutir à une insuffisance des provisions techniques, en particulier pour ceux exposés aux branches longues. Jusqu'à présent, la prolongation actuelle de la faiblesse des taux a incité certains réassureurs à augmenter leur exposition aux actions et aux obligations moins bien notées.