L'Américain, numéro un mondial de l'assurance vie, affiche ses ambitions internationales, un an après le rachat d'Alico.
Sans doute est-ce un effet de la météo exceptionnelle, début novembre, sur Manhattan : les dirigeants de MetLife ont le moral gonflé à bloc et prévoient un avenir radieux pour leur compagnie née avec la guerre de Sécession. Et comme le dit William Toppeta, vice-président international du leader mondial de l'assurance vie et de la protection santé : « Nous sommes dans les affaires depuis plus de 150 ans, nous comptons bien être encore là dans 150 ans. »
Les chiffres du troisième trimestre de l'exercice 2011-2012 abondent dans son sens. Présentés par le vice-président et directeur général finances pour les affaires internationales, James Hom, au cœur du MetLife Stadium (qui abrite les équipes de football américain des Giants et des Jets), ils sont plus qu'honorables : les ventes s'établissent à 11,76Md$, en hausse de 11%, pour un résultat opérationnel de 1,72Md$, le hissant à 16,8% des fonds propres du groupe. De quoi faire taire les dernières réserves à propos de l'acquisition d'Alico, la branche assurances de personnes d'AIG, bouclée l'an dernier pour 16,8Md$.
Croissance tonique dans les pays émergents
Mais l'essentiel est ailleurs : ce renfort permet à l'Américain de passer la vitesse démultipliée à l'international, qui pèse désormais plus de 30% des facturations et dépasse les 40% du résultat opérationnel global. Bill Toppeta, James Hom et les autres senior executives, rencontrés ici et là entre Manhattan et le MetLife Stadium, ne cessent de le marteler : « Nous couvrons désormais 90% du marché mondial de l'assurance vie et sommes présents sur huit de ses dix principaux pays. Nous figurons dans le top 5 de la moitié des Etats ou nous travaillons. »
Et il y a mieux : l'assureur revendique également une croissance tonique sur les marchés émergents, les futurs relais de croissance du groupe : ces 19 pays d'Asie, d'Europe centrale et de l'Est, du Moyen-Orient et d'Asie contribuent pour près de 20% des résultats. Ce qui fait aussi de MetLife le leader mondial du secteur pour les actifs sous gestion, avec près de 85Md$ gérés. Conclusion de Bill Toppeta : « On a fait du bon travail pour nos actionnaires. »
Le vice-président reconnaît tout de même que les convulsions financières récentes ont agité le navire. Avant de pointer un autre signal d'espoir : la reprise de la collecte dans un Japon dévasté par le tsunami.
Pas de rouleau compresseur
« Nous n'allons pas en rester là. Nous sommes et serons un acteur global. Notre diversité est une force et nous permet de maîtriser nos coûts et nos risques », assène James Hom. Pas question non plus de céder à la tentation "globalisatrice". MetLife rejette la stratégie du rouleau compresseur uniformisant tout sur son passage. « Nous n'exportons aucun produit, mais seulement nos expertises et nos compétences d'un pays à l'autre. Partout ou nous sommes, nous pensons local », reprend avec détermination Bill Toppeta.
Pour ce faire, le groupe compte sur une stratégie articulée en cinq points. Il y a d'abord la priorité donnée à la distribution directe, via les canaux électroniques ou des réseaux d'agents formés et motivés en conséquence. MetLife compte aussi monter en puissance dans des métiers connexes à l'assurance vie : les accidents et la santé, la retraite, voire la gestion d'actifs, pour le compte de caisses de retraite ou d'assurance maladie. « Tout dépendra de ce que nous demandent nos clients sur place et du contexte de marché », indique un dirigeant. Ainsi, au Mexique, un « marché génial, mais très difficile à cause de l'insécurité qui y règne », selon Bill Toppeta, la compagnie s'est lancée dans la gestion de systèmes de protection sociale privés.
Le vieillissement comme moteur
Ensuite, elle compte conclure plus de contrats collectifs avec de très grandes entreprises, telles GE, afin, entre autres, de les accompagner dans leur conquête du monde. De même, MetLife entend privilégier le face à face avec ses clients finaux. Et devenir un acteur de référence dans la fourniture de solutions globales de retraite, collective ou individuelle. Pour valider son plan de marche, MetLife s'appuie tant sur l'essor du niveau de vie dans les pays émergents que sur le vieillissement inexorable d'une population mondiale en hausse continue (lire aussi l'entretien avec Marc Sevestre p. 54)
Des résultats au beau fixe, des perspectives internationales ensoleillées, une gestion des risques bien tempérée : tout ou presque sourit à MetLife à qui le mariage avec Alico semble avoir donné une seconde jeunesse. La compagnie avoue tout de même quelques regrets, quand elle fait visiter sa somptueuse salle du conseil d'administration dans sa première MetLife Tower, achevée en 1909 : « Francis Ford Coppola voulait y tourner quelques scènes du Parrain II. Les dirigeants de l'époque ont refusé de peur de ternir leur image. Nous avons perdu une occasion de nous faire connaître dans le monde entier », raconte, avec un sourire ironique, Peter Stack, le vice-président pour la communication. Il peut se consoler en songeant que ce décor fabuleux a servi de cadre à un autre film presque culte : Wall Street II.