Le retour à Paris du 4e courtier français va faciliter sa reconquête de marché. Il s'accompagne aussi de changements managériaux et d'initiatives sociales.
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United Aon in Paris... traduisez, toutes les équipes d'Aon réunies à Paris. Les salariés le souhaitaient ardemment. Leur voeu a été exhauscé. Depuis la mi-juin 2011, les 1 000 collaborateurs franciliens des différentes entités - Aon Risk Solutions, Aon Benfield et Aon Hewitt - sont regroupés au Carré Suffren, 31-35 rue de la Fédération dans le 15e arrondissement, au pied de la Tour Eiffel.
A la question que tout le monde se pose, pourquoi être revenu sur Paris intra-muros après de nombreuses années en proche périphérie ?, Robert Leblanc, PDG d'Aon France, répond très simplement : " En 2009, lorsque la société a décidé de quitter Levallois pour Colombes - son bail arrivait à échéance -, elle traversait au plan économique une période difficile. Avec du recul, nous reconnaissons maintenant que l'implantation du siège social à cet endroit a été une erreur. Le personnel n'était pas fier d'y travailler ; l'accès au site n'était pas pratique malgré la mise en place d'une navette d'entreprise depuis le RER. Et pour nos clients, en termes d'image, ce n'était pas bon non plus. Autre inconvénient au niveau des recrutements, il était difficile d'y attirer les candidats. "
Un immeuble neuf, des bureaux lumineux
En revenant sur Paris, le courtier gommait ces handicaps. Aujourd'hui, il occupe, sur 9 étages, 15 000 m2 des 23 000 m2 de l'immeuble en U entièrement rénové et restructuré. Un bail de 12 ans a été signé avec la Foncière des régions, propriétaire de l'immeuble, pour un montant de loyer identique à celui de Colombes. C'est dire son engagement sur la durée.
Place a été donnée aux espaces ouverts de petite taille, avec parois séparatives à mi-hauteur à la japonaise. Chaque salarié conserve pour autant une zone d'intimité et peut, s'il en ressent le besoin, s'isoler dans des "bulles" pour se concentrer et téléphoner. Les photocopieuses et imprimantes sont, elles, isolées dans des pièces fermées pour éviter les nuisances sonores. Le mobilier, au design sobre, a été modernisé. Autre atout de l'immeuble Carré Suffren pour les salariés, tous les bureaux, y compris ceux donnant sur le jardin intérieur, sont en premier jour.
Actuellement Aon France utilise 70 % de ses 15 000 m2. Il aura donc la possibilité d'accroître ses effectifs en ajoutant, par exemple, à ses marguerites actuelles de 2 postes, 2 autres postes supplémentaires. Au 9e étage où se situe la direction générale, on trouve une grande salle de réunion, un restaurant club réservé aux clients et un show room. Par ailleurs, les collaborateurs ont accès à un restaurant interentreprises et 200 places de parking leurs sont réservées. Les oeuvres sociales prenant de l'importance, 40 m2 ont été affectés à une bibliothèque,"véritable épicerie" du CE.
Révolution à tous les étages
Parallèlement au déménagement, Antoine Bosonnet, le DRH d'Aon France, rappelle " les cinq valeurs fortes de l'entreprise : pragmatisme, orientation client, innovation, travail en équipe et fierté/sentiment d'appartenance " . Dans les domaines de l'innovation et du travail en équipe, il y a encore selon lui, d'importantes marges de progrès. D'ailleurs, les résultats du baromètre social Aon monde vont dans ce sens. " Il faut que les collaborateurs apprennent à travailler davantage ensemble et de façon plus transversale " , explique-t-il. Pour aider les managers à opérer ces changements, des formations sont programmées et la communication interne va être renforcée.
Nouveau souffle social
En ce qui concerne la politique sociale, Antoine Bosonnet ne cache pas vouloir construire une "méritocratie". Depuis son arrivée dans l'entreprise, concomitante à celle de Robert Leblanc, près d'une dizaine d'accords ont été renégociés : intéressement pour 3 ans, temps de travail, UES, PEE, senior, etc. Question rémunération, il a été décidé d'accorder des augmentations collectives aux revenus les plus modestes. Et pour responsabiliser les non-cadres, le système de badge pourra être supprimé. A noter également l'arrivée de nouveaux élus FO et CGC au CE. A la rentrée, une négociation a démarré avec les organisations syndicales pour mettre en place un Perco ; les RTT monétarisées pourraient y être versées avec abondement de l'entreprise à hauteur de 20 %.
Cette nouvelle implantation du siège social, couplée à la politique managériale et RH, devrait à n'en pas douter accélérer la phase de reconquête de marché dans laquelle Aon France est désormais entrée.