Le groupe Axa n'a pas été évoqué dans cet article, car son niveau d'internationalisation est tel que l'on peut se poser la question de savoir si c'est une entreprise française très présente à l'étranger, ou une entreprise internationale très présente en France. L'histoire de cette mutation est très courte comme l'est celle d'Axa. C'est en 1982 qu'Axa, qui vient juste de se donner un nom, prend le contrôle d'Equitable aux Etats-Unis. On voit là le génie de Claude Bébéar qui, alors que ses concurrents sont en Europe et en Afrique, fait le choix des USA. En 1995, il voit encore plus loin avec le rachat de la National Mutual Holding en Australie. Le hasard fait bien les choses puisque l'acquisition de l'UAP en 1997 va donner à Axa l'implantation européenne et africaine qu'il n'avait pas. En même temps que l'UAP, quelques belles affaires européennes tombent dans son escarcelle : la Royale Belge, Royal and Sun Alliance en Grande-Bretagne, et Colonia en Allemagne.
En 2000, c'est l'achat au Japon de Nippon Dantaï. En 2004, un double mouvement en Amérique : un renforcement au Nord avec l'achat de Mony et au Sud un désengagement des affaires latino-américaines héritées de l'UAP. En 2006, autre coup de chance : le rachat de Winterthur permet à Axa de prendre pied en Europe de l'Est où la société suisse est très présente. En 2007, retour en Asie avec l'achat de Kyobo en Corée du Sud et, l'année suivante, l'accord en Chine pour développer de l'assurance vie avec ICBC.
En trente ans, Axa est présent dans 61 pays et sur ses 214 000 collaborateurs, seulement 34 000 travaillent en France.
Ses ambitions
L'avenir d'Axa se joue désormais dans les marchés à forte croissance. L'objectif affiché du groupe, dans le cadre de son plan stratégique sur 5 ans dévoilé le mois dernier, est de doubler de taille à horizon 2015 en Asie, en Europe centrale et de l'Est, au Moyen-Orient et en Amérique latine. « La croissance proviendra des pays émergents, sur des segments où la marge est bonne, comme en prévoyance et en santé », indique Henri de Castries, PDG d'Axa. Le groupe bénéficie d'ores et déjà d'une bonne présence sur ces zones, renforcée par le rachat des activités asiatiques d'Axa Asia Pacific Holdings (APH) au premier trimestre. « Cela nous permettra de doubler notre taille et de multiplier par 2,5 notre profitabilité de façon organique d'ici 2015. » A contrario, le développement sera beaucoup plus sélectif dans les marchés matures. Ainsi en assurance vie, l'objectif sera à l'optimisation du portefeuille, et à la réorientation de l'activité épargne vers des produits moins consommateurs en capital comme les unités de comptes. C'est également dans les marchés matures qu'est localisé l'essentiel des coûts, qui subiront des coupes sombres, avec un plan d'économie de 1,5 Md€ d'ici 2015. En attendant, le groupe vient d'annoncer la vente de ses activités canadiennes, où il n'était que le sixième acteur du marché dommages sans véritables perspectives de croissance. Une opération qui permettra au groupe d'engranger une plus-value exceptionnelle de 900 M€. Ce montant sera réalloué vers les zones géographiques en croissance, à l'instar d'une partie des 24 Md€ de cash flows opérationnels disponibles sur les cinq prochaines années.