Bertrand Labilloy, DG d’Arundo Re (ex-CCR Re), revient sur les grandes étapes de la transformation du réassureur, de sa filialisation en 2016 à son récent changement d’actionnariat. Il évoque les défis à relever et la stratégie à même de permettre à Arundo Re de se positionner comme un acteur autonome et compétitif sur le marché mondial de la réassurance.
Quelles ont été les principales étapes depuis la filialisation de CCR Re – désormais Arundo Re – en 2016 ?
Le principal défi a été de démontrer que CCR Re pouvait prospérer sans la note de sa maison mère CCR, propriété de l’État. En 2016, nous avons perdu une partie de nos clients pour des risques longs, notamment au Royaume-Uni et au Japon, faute d’une notation suffisante. Il a fallu regagner leur confiance, et cela passait par la modernisation de l’entreprise et le recrutement d’une nouvelle génération de souscripteurs. Cette transition a été exigeante, mais elle a transformé CCR Re en une entreprise internationale, agile et compétitive. Aujourd’hui, nous sommes en position de force pour capter la croissance mondiale du marché.
En quoi le changement d’actionnariat change-t-il la donne ?
L’entrée de SMABTP et MACSF est un véritable atout pour Arundo Re. D’une part, cela garantit un financement solide pour accompagner notre croissance future. D’autre part, cela nous confère davantage d’autonomie stratégique et opérationnelle. Nous bénéficions désormais d’une gestion de nos placements financiers avec le groupe SMABTP, tout en conservant notre indépendance opérationnelle dans les décisions tactiques et stratégiques. Ce nouveau cadre actionnarial nous donne la flexibilité nécessaire pour continuer à innover et à nous développer à l’international.
Pourquoi changer de nom ?
Après l’ouverture du capital, acté en juin 2023, nous avons consolidé nos opérations sous une nouvelle structure. Le changement de nom est la suite logique de cette transformation. Il symbolise notre évolution en une entité autonome et orientée vers le développement. Cela ne perturbera pas nos notations, qui resteront solides en maintenant une note de A pour Arundo Re, conformément à la notation du groupe SMABTP.
Quelles synergies sont possibles entre Arundo Re et ses nouveaux actionnaires ?
Pour SMABTP et MACSF, la synergie principale réside dans la capacité à diversifier les risques et à exploiter les opportunités internationales. Une convention de gestion a été mise en place entre SMABTP et Arundo Re pour la gestion d’actifs. Par ailleurs, Arundo Re bénéficie de synergies de coûts significatives sur la gestion de son parc informatique, ce qui optimise notre structure opérationnelle. Ensemble, ces synergies permettent à Arundo Re de se positionner plus solidement sur des marchés étrangers tout en maintenant une notation élevée et une bonne rentabilité.
Quels sont les objectifs du plan stratégique d’Arundo Re ?
Les actionnaires ont validé un plan stratégique visant à atteindre une taille critique d’ici 2027, avec une croissance annuelle de 10 à 15 % pour un CA entre 1,8 et 2 Md€, et une rentabilité du capital de 10 % dans la durée. Nous adoptons une approche de long terme avec des partenaires solides, au lieu d’une approche transactionnelle. Arundo Re cible des marchés spécifiques et des spécialités comme l’aviation, le transport ou le crédit-caution, tout en évitant certains secteurs comme le cyber et des régions comme les États-Unis et l’Australie. Nous ne cherchons pas à rivaliser avec les leaders du marché, mais à être un acteur de taille moyenne, pertinent et stable pour ses clients.
Quel a été le rôle de l’État dans cette transformation et quel rôle jouera-t-il à l’avenir ?
L’État a joué un rôle fondamental en soutenant notre vision de faire émerger un acteur international de la réassurance. Avec pour ambition première de renforcer la Place financière de Paris. Le soutien de Bercy a été notamment crucial pour le développement de 157 Re, la plate-forme qui continue de jouer un rôle clé dans notre stratégie de croissance. Maintenant que l’État est arrivé au terme de sa mission, il était temps pour d’autres acteurs de prendre le relais et de continuer à développer Arundo Re.