Quel regard portez-vous sur l'évolution de la fraude en assurance ?
A l'étranger comme en France, on constate une montée en puissance de ce phénomène de société. Dans l'Hexagone, périmètre de l'Alfa, nous avons recensé pour l'exercice 2011, 35 042 fraudes ou tentatives de fraudes pour un coût de plus de 168 M€. Ces chiffres concernent près de 72 % du marché de l'assurance de biens et de responsabilité. S'il ne s'agit pas d'une évaluation fidèle de ce fléau et de ses conséquences financières du fait d'une incapacité évidente à identifier tous les cas de fraude, il est cependant possible d'en définir une estimation globale. L'analyse des statistiques laisse penser qu'elle serait en moyenne de 5 % du montant des primes perçues par les porteurs de risques en biens et responsabilité. Soit près de 2,5 Md€. Un coût énorme qui pèse forcément sur la tarification.
La lutte contre la fraude est conduite par des spécialistes de plus en plus outillés. Où en est, selon vous, le marché français dans l'utilisation de logiciels ?
Si outre-Manche le recours aux technologies permet de gagner en efficacité, de ce côté-ci, nous en sommes aux balbutiements. La Cnil a donné une suite favorable aux demandes d'un assureur classique et d'un acteur mutualiste à recourir aux technologies pour mieux identifier les cas suspicieux et frauduleux. C'est peu. Mais la tendance est à la généralisation. Au vu du manque à gagner, l'intégration de logiciels devrait forcément se traduire par un retour sur investissement (ROI) significatif. Il faut toutefois surveiller les coûts induits : maintenance, exploitation...
Quelle sera la place de l'homme dans la gestion de la fraude dans une perspective de recours banalisé aux outils ?
Elle est prégnante. L'homme investigue, instruit à (dé)charge, lève les doutes. Il utilise le logiciel comme un outil pour limiter les erreurs et surtout aller vite, car la société d'assurance a devant elle 45 jours pour lever chaque suspicion. En fait, le binôme homme/outil s'avère très efficace.
Propos recueillis par E.M.