(AOF) - En application de sa mission constitutionnelle d’assistance au Parlement, la Cour des comptes rend public aujourd’hui son rapport 2025 sur l’application des lois de financement de la Sécurité sociale. En 2024, le déficit de la Sécurité sociale atteint 15,3 Md€, soit 4,8 Md€ de plus que la prévision initiale. L'aggravation du déficit est due, pour les trois quarts, au moindre rendement des recettes et, pour un quart, à une augmentation des dépenses de la branche maladie qui va au-delà de l'objectif assigné.
En 2025, le déficit de la Sécurité sociale devrait de nouveau fortement augmenter et atteindre 22,1 Md€. Cette prévision est en outre fragile car elle repose sur des hypothèses optimistes de croissance. Elle suppose la réalisation de mesures d'économie sans précédent pour l'assurance-maladie (5,2 Md€) et une bonne tenue des dépenses de soins de ville, responsables du dérapage en 2024.
Pour l'avenir, la loi de financement pour 2025 a, une nouvelle fois, dégradé la trajectoire financière de la Sécurité sociale, avec un déficit qui atteindrait 24,1 Md€ en 2028, sans perspective de stabilisation et encore moins de retour à l'équilibre. La prévision de déficit 2027 est supérieure d'un tiers à ce qu'elle était en 2024. La dette sociale à court terme va augmenter rapidement. Un risque croissant de crise de liquidité pèse sur ses conditions de financement.
En outre, le montant des allégements généraux de cotisations patronales, qui ont pour objet de réduire le coût du travail, a presque quadruplé entre 2014 et 2024, pour atteindre 77 Md€. Cette perte de recettes pour la sécurité sociale est, en principe, compensée par l'état mais les modalités de cette compensation sont devenues défavorables.
Dans le contexte actuel de dégradation de l'équilibre financier de la sécurité sociale, une meilleure maîtrise de cette dynamique est nécessaire, tout en tenant compte des enjeux économiques associés. Le reprofilage de la réduction générale en 2026 pourrait inclure un élargissement d'assiette à de nouveaux compléments de salaires et un abaissement du plafond d'éligibilité jusqu'à 2,5 smic, pour une économie de 3 à 5 Md€ à comportements inchangés.