(AOF) - Lancée en 2019, la réforme du 100% santé avait pour but de répondre à un engagement pris par Emmanuel Macron permettant que «tous les Français aient accès à des soins de qualité intégralement pris en charge par la Sécurité sociale et leur complémentaire santé dans le domaine de l’optique, de l’audiologie et du dentaire». Mercer France, acteur majeur du conseil en santé et prévoyance, gestion des talents, retraite & investissement, dresse un bilan de cette réforme sur la base des contrats de Mercer, représentant un portefeuille composé de 1,3 million de bénéficiaires.
"Après deux années d'expérience, même si les résultats sont variables en fonction des familles d'actes concernés, le bilan global des effets du 100% santé reste mitigé. Sans surprise, la réforme n'a pas eu les effets escomptés en optique. En effet, l'Assurance maladie s'étant désengagée depuis longtemps de ce poste, elle a laissé la place à des mécanismes de prise en charge vertueux imaginés par les complémentaires santé : les réseaux de soins. Pour des régimes de complémentaires santé de plus en plus équipés par des réseaux, l'intervention du gouvernement sur ce poste était déjà jugée inutile il y a deux ans, et le constat est sans appel."
S'agissant du poste dentaire, la réforme du 100% santé a clairement eu un impact : l'accès aux prothèses dentaires s'est amélioré et les actes prévenant les prothèses dentaires (les inlays/onlays) se sont multipliés.
"Le reste à charge de son côté a chuté de 5 points entre 2019 et 2022. Sur ces deux aspects, nul doute que la réforme est un succès. Toutefois, cette conclusion est à tempérer à court terme par les impacts financiers sur les contrats d'assurance puisque nous chiffrons l'impact de la réforme à 6,9% des prestations. A moyen terme, il est à espérer que l'augmentation des actes préventifs limite l'augmentation des prothèses dentaires et permette ainsi de contenir les coûts", note l'étude.
Enfin, s'agissant du poste audiologie, la réforme a été une franche réussite : outre l'accès aux soins qui a été sensiblement amélioré, le reste à charge des assurés a été réduit de 11 points entre 2019 et 2022 et les impacts sur la cotisation d'assurance n'ont été que très mesurés.
Forts de ces constats, Mercer entend que le gouvernement souhaite aller plus loin sur la réforme. Le ministre de la Santé et de la Prévention a évoqué l'extension de la réforme aux fauteuils roulants et aux prothèses capillaires dès 2024 et semble avoir abandonné l'idée d'une revisite du 100% santé sur le poste optique.
"Ces propositions apparaissent conformes à notre philosophie puisque selon nous, le 100% santé a du sens pour des produits de forte nécessité, présentant un reste à charge élevé et une fréquence d'utilisation faible", conclut Mercer.