(AOF) - Dans son scénario le plus optimiste, Allianz Trade table sur une croissance européenne déjà très faible. Elle serait de l'ordre de 2,5 % en France pour l'année 2022 et de 1,5 % en 2023, en raison des tensions sur le pouvoir d'achat et la baisse de la confiance des acteurs. "Les matelas de sécurité financiers ont fondu, tant chez les ménages que dans les entreprises. Ces dernières vont chercher de la marge en augmentant leurs prix, mais le coût des entrants est élevé et les coûts de financement sont en augmentation alors que la demande se tasse rapidement ", explique Ana Boata Directrice de la Recherche Economique chez Allianz Trade.
Mais, selon les experts d'Allianz Trade, le scénario le plus dur et de plus en plus probable est celui de la récession, avec un cours de l'euro proche de la parité et des marchés financiers clairement inquiets. Les perturbations sur le commerce international comme sur le transport maritime, la situation chinoise, ou encore le manque de disponibilité de la main d’œuvre, ont eu pour effet d'accroître les tensions.
"Beaucoup de déséquilibres étaient déjà présents avant la crise, mais nous sommes aujourd'hui confrontés à un vrai problème de l'offre. Avec la guerre en Ukraine, le problème énergétique est là pour durer. Les entreprises augmentent rapidement leur prix actuellement : c'est une bonne nouvelle pour elles, mais c'est une mauvaise nouvelle pour les consommateurs finaux et donc pour les banques centrales, qui vont devoir être plus agressives sur les taux d'intérêt ", explique Ana Boata. Résultat, il y a aujourd'hui de plus en plus un risque de " spirale inflationniste ". Et un accroissement du risque de non-paiement, qui touche déjà de plein fouet les entreprises les plus vulnérables.
Et Ana Boata d'ajouter : "Les liquidités vont se raréfier. Attention au BFR et en particulier à la gestion des stocks. Beaucoup de grandes entreprises ont augmenté leurs prix et affichent donc des chiffres d'affaires à la hausse, mais les marges, elles, sont toujours exposées aux pressions à la baisse. Si des gains de productivité sont nécessaires, cela passera par l'emploi."